Rencontre avec un auteur ou un illustrateur invité sur bopy.net
Ehryx est né en 1980 dans la banlieue
parisienne. Dès son
plus jeune âge, il se passionne pour
l’écriture. Il est titulaire d’une
licence
de psychologie et d’un mastère en
«infos-com» qu’il a obtenus
après
des études menées à Nîmes,
puis à Montpellier où il vit actuellement. |
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(L’interview qui suit est destinée aux lecteurs de la route de Darwin. Elle révèle, et discute, certains éléments clés des 14 premiers épisodes du récit) |
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1) Comment vous est venue l’idée de ce roman avec ces peuples, si différents l’un de l’autre, et seuls survivants d’un monde pollué par les radiations ? |
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J’ai grandi durant la fin de la guerre froide,
à une époque
où on essayait de s’imaginer ce que serait le
monde après une guerre nucléaire
entre Est et Ouest. Cela a donné pas mal de fantasmes et de
fictions (souvent fort
médiocres) sur le monde d’après
l’hiver nucléaire, où les radiations
auraient
causé des mutations génétiques
très importantes… Ce qui n’est pas
complètement
faux mais reste quand même assez
irréaliste… |
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2) Pourquoi avoir situé l’action du roman en Australie ? |
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En partie par… Déduction ! Regardez la carte du monde, et demandez-vous quelle zone serait suffisamment vaste pour ressembler à un continent, et assez faiblement peuplée pour que personne ne la prenne pour cible en cas de guerre. Cela laisse une partie de l’Afrique, le désert de Gobi, l’Antarctique et l’Australie ; cette dernière me semblait un «théâtre des opérations» plus intéressant, d’autant que j’en connaissais déjà un peu la géographie. L’idée d’axer l’intrigue sur la ville de Darwin n’est venue que plus tard, juste avant de commencer l’écriture du premier chapitre. |
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3) Kest, le héros de la première partie, est-il un aventurier, un idéaliste, un fils qui essaie de répondre aux attentes de son père ? L’un des trois ou tous à la fois ? |
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Je dirais que Kest est avant tout un héros
classique. Il est directement
inspiré de la série des Trigun
de Yasuhiro Nightow ; il hérite de
son héros ses capacités physiques, mais aussi son
côté «héros rejeté
et
incompris». |
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4) La peur apparait comme un trait dominant
dans «La
route de Darwin». Kest se méfie de tous ceux
qu’il croise. Cette peur
fait-elle partie de ce monde post-apocalyptique ou bien Kest est-il
quelqu’un
qui a plus à craindre que les autres ? |
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La méfiance perpétuelle entre les
peuples de la Route de
Darwin est l’un des principaux moteurs de
l’intrigue, donc encore une fois, je
ne peux pas trop en révéler… |
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5) Kest est un être solitaire : pas de femme, pas d’amis ; dès le 1er épisode, il se retrouve seul, en panne de voiture, dans le désert. Pourquoi cette solitude ? A cause de son appartenance au clan des Techs ? |
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Très bonne question >_< Je
renverrais d’abord à la question 3, Kest
était
probablement très entouré, mais comme
c’est un héros
«déchu», il a
coupé les ponts avec tous ceux dont il était
proche, collègues, amis, famille.
Ceux avec lesquels il n’a pas coupé les ponts sont
ceux qui lui ont tourné le
dos. |
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6) La religion affleure dans le texte où il est question de : Terre Sainte, Prophète, djihad ? La religion, les prophètes, sont-ils indispensables à l’humanité, pour le meilleur ou pour le pire ? |
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L’humanité de la route de Darwin
s’est sortie de la guerre
nucléaire, des «temps anciens», mais il
ne lui en est rien
resté : sa science et sa technologie sont en perdition
malgré les
recherches des Techs (les Technologiques de leur
vrai nom), il ne reste presque
rien de l’ancien monde, de son art, de sa culture, de ses
traditions, de tout
ce qui le composait. Seuls quelques fragments ont filtré, et
les anciennes
religions en font forcément partie, car ce sont les formes
de
«culture» ayant le plus
fédéré les peuples de notre monde
(entre
500 millions et 2,2 milliards de fidèles pour le
Christianisme, l’Islam, le
Bouddhisme, et l’Hindouisme). |
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7) L’apocalypse, qui est à l’origine du feuilleton, est-il inscrit selon vous dans l’histoire du monde ? Quel est votre point de vue alors que l’on parle plus que jamais de sauver la planète ? |
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Toute littérature postérieure
à la seconde guerre mondiale
est influencée par la seconde guerre
mondiale. Je n’échappe pas à la
règle, bien que l’influence soit moins nette dans
«la route de Darwin»
que dans «Terres de Cristal», mon autre cycle de
Fantasy. Nous
avons déjà vécu
l’apocalypse, sous plusieurs formes.
L’idéologie nazie
et ses camps de concentration en sont une forme, la
résultante de la haine des
peuples. L’idéologie communiste en est une autre,
une sorte de haine
autodestructrice de la nature humaine. Et nous avons eu un
avant-goût d’une
troisième apocalypse, celle de la destruction totale,
à la fois au long des
deux conflits mondiaux, et sous une forme extrême
technicisée, celle de la
bombe nucléaire (Hiroshima et Nagasaki). |
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8) Quelle étrange idée de tuer votre héros à la fin de la première partie ? Ne redoutez-vous pas les conséquences d’un tel acte de la part d’un auteur ? |
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Cela en chagrinera certains mais dans la
première version du
récit (qui comptait 16 épisodes), Kest survivait.
En fait, mon principal
problème avec lui, c’est qu’il en sait
trop. Il est plus intéressant de suivre
un groupe de personnages essayant de reconstruire ce
«puzzle» que
sont la personnalité, les connaissances et les objectifs de
Kest, que de suivre
Kest dans une aventure dont il devine déjà toutes
les grandes lignes. |
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9) – Mist n’est pas le combattant expérimenté qu’était Kest. Pourra-t-il assumer la mission que Kest lui a confiée ? |
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Non. |
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10) Une dernière question : Avez-vous un autre roman en projet ou en cours d’écriture ? |
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Je rédige actuellement l’univers
d’un jeu de rôles appelé Les
Ombres du Désert (oui, encore le
désert, je sais), pour lequel je dois
présenter l’histoire d’un monde, les
peuples et régions qui le composent, leurs
croyances, leurs secrets, leur avenir… Quelques nouvelles
devraient accompagner
l’ensemble, il est même possible qu’elles
présentent un intérêt pour les
non-joueurs (j’aviserai quand je serai un peu plus
avancé !). |
Cette interview est une exclusivité Bopy.net (février 2008)