L’air était pesant en cette nuit d’été et le mistral, léger, peinait à ranimer la nature exsangue. Epuisées, les cigales s’étaient tues, et la Lune jetait sur le paysage un voile blanchâtre, lui conférant une triste pâleur.
Dans cette morne immobilité se déplaçait une silhouette fluette, marchant à petits pas sur le chemin poussiéreux. Parvenu au pied du pont, le vieil homme franchit la moitié du tablier, s’arrêta, puis enjamba le parapet avec des gestes lents. Il s’assis sur le rebord, cala ses fesses, baissa légèrement la tête pour contempler, dix mètres plus bas, les touffes d’herbes qui poussaient entre les plaques éclatées de macadam.
Il poussa un soupir.
« Quelle chaleur ! Et dire que demain le type de la météo prévoit deux degrés de plus. »
Il passa les doigts entre ses rares cheveux blancs et se mit à siffloter un vieil air.
Un criquet, en promenade lui aussi, atteignit le pont en quelques bonds et vint se poser sur un genou du vieil homme. Celui-ci s’en amusa :
« Comme il est joli avec ses grandes pattes arrière ! Bonsoir Jiminy le criquet. C’est aimable à toi de me tenir compagnie mais je crains que mes vieux os ne te procurent guère de fraîcheur. »
Le criquet prit son élan et disparut aussi vite qu’il était arrivé.
Le regard du vieil homme se perdit dans ses souvenirs, remplis d'accordéon, de guinguette et d'éclats de rire. Les années s'effacèrent de sa mémoire, son visage se dérida... Il entendait le joli rire d'une femme, sentait la caresse de ses cheveux contre sa joue... Un papillon de nuit virevolta autour de lui.

La voiture de police terminait sa ronde nocturne autour des pavillons. Durant les mois d’été, les propriétaires s’absentaient pour quelques jours de vacances et laissaient, bien malgré eux, le champ libre aux cambrioleurs. Parfois, l’un d’entre eux se faisait surprendre, les bras chargés d’un téléviseur, les poches débordantes de bijoux de pacotille, et l’agent Garaut aimait raconter, à ses collègues, l’air ahuri du malfrat pris sur le fait.
– En pleine nuit, il se tire avec un ordinateur serré contre son coeur. Sur le sol, derrière lui, tu vois briller les morceaux de verre de la fenêtre qu’il a brisée. Et quand il te découvre, devant lui, il te regarde comme s’il se demandait ce que « toi » tu peux bien faire là à une heure pareille. Je te jure, c’est à peine croyable.
Le véhicule ressortit du lotissement et s’immobilisa sur le bas-côté. A l’intérieur, les deux policiers allumèrent le plafonnier et firent le point sur leur liste.
Garaut cocha une série de noms et d’adresses.
– Il me semble que c’était la dernière habitation à contrôler ?
Loison lui fit un signe négatif de l’index.
– Tu oublies la ferme de Grégoire. Il s’est plaint qu’un type avait rôdé autour de sa grange.
– C’est la saison des pyromanes. Ils disparaîtront en même temps que les cigales.
– En attendant, on termine par Grégoire.
La voiture sortit de la ville et couvrit trois kilomètres sur la route départementale pour atteindre une grande ferme en pierre jaune. Un peu à l’écart se dressait la masse sombre de la grange remplie de foin jusqu’au faîte.
– Tout est normal, dit Garaut après avoir jeté un coup d’oeil alentour. Cette fois-ci, on rentre.
Il engagea le véhicule dans un demi-tour et s’apprêtait à quitter le chemin de terre quand son collègue l’arrêta.
– J’ai cru apercevoir quelqu’un là-haut.
Loison désignait une direction dans l’obscurité. Il perdit soudain son calme.
– Quelle plaie ce vieux pont ! Pourquoi ils ne le détruisent pas puisque la nouvelle autoroute emprunte l’autre versant.
Son collègue hocha la tête.
– J’approuve totalement mais en attendant ce jour béni, on est obligés de se rendre sur place.
La voiture rattrapa la voie goudronnée, puis parcourut quelques centaines de mètres avant d’emprunter une route désaffectée à flanc de colline. Celle-ci était enjambée par un pont en béton que les mauvaises herbes prenaient d'assaut depuis une décennie. Dans la nuit étoilée, se détachait nettement la silhouette d’un homme.
La voiture ralentit, puis s’immobilisa. Les deux policiers en descendirent et repoussèrent les portières sans les claquer.
– J’avais bien vu, souffla Loison. Pour une fois, j’aurais préféré me tromper.
– On s’y prend de quelle façon ?
– Comme la dernière fois. Tu attires son attention et moi je grimpe de l’autre côté pour le surprendre. Allez !
Mal à l’aise – on se savait jamais comment cela pouvait se terminer – Loison se mit à marcher vers l’inconnu, avançant à pas comptés. Comme s’il avait deviné sa présence, celui-ci tourna la tête dans sa direction et lui adressa un signe amical de la main.
– Ne bougez pas, je vous en conjure ! s’écria Loison qui fut le premier à respecter son ordre à la lettre et à se pétrifier. Ne faites rien que vous ne pourriez regretter.
L’inconnu passa une jambe par-dessus le parapet, se retrouvant à califourchon.
– Bonsoir ! Je ne m’imaginais pas que j’aurais de la visite à une heure si tardive.
Le policier tendit les bras dans un geste qu’il voulait apaisant.
– Restez calme. Je ne vous veux aucun mal, au contraire, je suis là pour vous aider.
L’inconnu fit suivre l’autre jambe et se mit debout sur le pont. C’est le moment que choisit Garaut, parvenu derrière lui, pour le ceinturer.
– Vite, Loison, mets-lui les bracelets !
L’inconnu se laissa menotter sans difficulté et fut bientôt poussé à l’intérieur du véhicule de police.
– Ouf, c’est réglé, soupira Garaut, soulagé.
– Et celui-ci n’a pas essayé de se défendre, tant mieux. Tu te souviens le mois dernier, le skinhead qui hurlait que la fin du monde était imminente ?
– Rien d’étonnant avec l’herbe qu’il avait fumée. Et il en avait encore plein les poches.
– Bon, cette fois-ci, on y va.

Les policiers regagnèrent leur commissariat en parcourant les rues désertes, puis ils se délestèrent de leur étrange passager dans le bureau de leur supérieur.
– Un autre adepte de la haute voltige, chef ! Le troisième en deux mois au pont des Barades.
– Merci, Loison, je m’en occupe. Garaut ! J’attends encore votre rapport sur le vol à l’étalage commis mercredi matin dans la supérette.
– Je vous l’amène tout de suite.
Le commissaire Flavien fit asseoir le vieil homme, puis s’installa sur une chaise à côté de lui. D’une voix douce, afin de ne pas brusquer l’individu, il demanda :
– Comment vous appelez-vous ?
Le vieil homme marqua une hésitation.
– C’est important ?
– Euh...non, passons. Pourquoi avez-vous tenté de vous suicider ?
La surprise se lut dans le regard du vieil homme.
– Je ne saisis pas votre question…
– Comment ça ? Vous étiez seul sur le parapet d’un pont à douze mètres du sol et vous ne vouliez pas en finir ?
Le vieil homme parut chercher ses mots pour expliquer une évidence qui, visiblement, ne sautait pas aux yeux du commissaire.
– J’aime me promener la nuit quand la ville est endormie. C’est vrai qu'ainsi on est un peu seul au monde, pourtant j’apprécie ces moments-là. Les chauve-souris sont comme moi, elles aiment cette nature qui vit au ralenti.
Flavien se leva et attrapa sa chaise par le dossier pour retourner s’asseoir derrière son bureau.
– Donc, je résume : vous ignorez votre nom et vous prenez l’air, au bord du vide, à une heure du matin.
Le vieil homme acquiesça.
– C’est un joli résumé, commissaire.
– Duplain !
Une femme en uniforme apparut dans l’encadrement de la porte.
– Oui, chef ?
– Téléphonez aux « spéciaux » à Montville pour les avertir que nous avons un nouveau client pour eux, et ensuite l’un de nos hommes le conduira là-bas.
– Ils sont « Complet », chef. C’est comme si la chaleur mettait le cerveau des gens en ébullition. On peut le garder pour la nuit, et demain je téléphonerai à l’hôpital. S’ils ont une place, ça nous débarrassera.
Le commissaire ouvrit largement les bras avant de les laisser retomber. Quelle journée ! Une réunion à la mairie dès neuf heures du matin, une manifestation de retraités entre onze et douze. Le temps d’avaler un sandwich et c’était un vol de sac à main, deux états d’ivresse au volant et, pour finir – du moins l’avait-il cru – un mouvement de grève à la conserverie de tomates. Il achevait vingt-quatre heures d'affilée sans avoir pris le moindre repos et se ressentait d’une certaine fatigue.
– Vous savez, tous les jours il y a des gens qui traversent des ponts pour se rendre de l’autre côté, dit tout à coup l’homme à qui on ne demandait plus rien.
Perplexe, Flavien dévisagea le suicidé qui poursuivit :
– C’est votre façon de penser qui pose problème, commissaire.
– Comment ça ?
– C'est un sentiment qui vous honore mais vous ne pouvez pas veiller sur le monde entier. Sinon, pourquoi ne pas interdire à tous ceux qui habitent à l’étage d’ouvrir leurs fenêtres sous le même motif ?
Le commissaire Flavien éprouva, brusquement, l’impression que son autorité était remise en cause. Et c’était intolérable.
– Duplain ! Au lieu de rester les bras ballants, prenez-lui ses empreintes et rentrez-les dans l’ordinateur. On verra s’il en sort quelque chose de cet olibrius.
– Oui, chef ! Et après, qu’est-ce que je fais du monsieur ?
– Collez-le au frais ! Puisque « monsieur » aime la solitude.
– D’accord, chef ! Venez, monsieur, je vais m’occuper de vous.
L’inconnu suivit sagement le gardien stagiaire qui lui enduisit les doigts d’encre bleue avant de les appliquer, l’un après l’autre, sur une feuille blanche. Puis l’agent Duplain installa son suicidé dans une cellule.
– Un chocolat chaud, ça vous tente ?
L’agent revint un peu plus tard avec deux gobelets fumants et lui en tendit un.
– J’ai mis un sucre, ça vous va ?
– Merci.
Ils se mirent, tous deux, à agiter la cuillère en plastique dans le liquide chocolaté. Lui, assis sur le banc en bois, elle, adossée à la grille.
– Je m’appelle Vanessa, et vous c’est quoi votre petit nom ?
– Raymond.     
– Vous êtes marié, vous portez une alliance ?
– Je suis veuf depuis le mois dernier.
– Oh, je suis désolée ! fit Vanessa qui hésita : Pourquoi étiez-vous sur le pont, Raymond ?
– Je n’arrivais pas à dormir. Avec cette chaleur c’est assez pénible dans les logements.
L’agent Duplain était plutôt du genre compréhensif.
– Vous avez préféré vous promener sous le clair de Lune ?
– C’est agréable quand on aime le silence de la nuit et ses odeurs. Dans le quartier des Barades, les lavandes sauvages embaument l’air, c’est un vrai bonheur. Dans la journée, ça ne sent rien à cause des voitures qui polluent. Vous comprenez ?
L’agent Duplain approuva d’un signe de tête.
« Duplain ! »
L’agent quitta la cellule en refermant la porte derrière elle. Elle entra dans le bureau de son supérieur alors que celui-ci raccrochait le combiné du téléphone.
– Où est passé Gonthier ? Il est de service ce soir et je ne l’ai pas encore vu.
– Il a des problèmes avec sa femme, chef. Elle ne s’acclimate pas à la région, elle menace de repartir dans le Nord chez ses parents.
Flavien eut l’air abasourdi.
– Mon adjoint a des soucis d’ordre privé, lança-t-il d’un ton acerbe, alors il disparaît dans la nature. Et vous, Duplain, je peux compter sur vous ou bien votre mari a aussi des états d’âme ?
– Je ne suis pas mariée, chef.
– Tant mieux. Appelez-moi Garaut et Ménard !
– C’est-à-dire que... Ménard a crevé avec la seconde voiture de patrouille et la roue de secours était dégonflée.
– Et Garaut ? Je n’ai toujours pas eu son rapport. Où est-il celui-là ?
– C’est lui qui est parti apporter une roue à Ménard.
Un tic nerveux agita la joue du commissaire Flavien qui jeta un coup d’oeil à sa montre... Les prochaines heures allaient lui paraître interminables.
– Prévenez-moi quand ils seront de retour. C’est bon Duplain, disposez !
– Oui, chef.
Flavien ouvrit un dossier et tendit la main vers un stylo mais son geste demeura en suspens. Son regard fit le tour de la pièce et parcourut les murs gris, un plan de l’agglomération jauni par les années, le store déglingué qui pendait en travers de la petite fenêtre. Aucun bruit ne lui parvenait de l’extérieur. Dehors, tout semblait si paisible.
La brève rêverie du commissaire fut interrompue par des éclats de voix.
– Allons bon. Qu’est-ce qu’il se passe encore ?

Il gagna la salle d’accueil et trouva l’agent Duplain aux prises avec deux gendarmes.
– Un peu de silence dans mon commissariat ! Duplain, expliquez-moi.
Mal à l’aise, l’agent s’exécuta.
– C’est Gonthier, chef. Il a tenté d’étrangler sa femme et comme ses plus proches voisins sont gendarmes...
– C’est la raison de la présence de ces deux messieurs ici, termina Flavien en dévisageant les hommes en bleu, les mains sur le ceinturon. Où est Gonthier ?
– On l’a placé dans une cellule, chef. Le temps qu’il retrouve son calme, il paraît qu’il était très énervé.
A cet instant, l’un des gendarmes tourna la tête, exposant le superbe hématome qui lui fermait l’oeil gauche.
– Il a un vilain caractère, votre gars, dit-il. On a été obligés de lui mettre les menottes pour en venir à bout. Il menaçait de s’attaquer à mon collègue.
– Vous avez menotté un policier ? s’étonna le commissaire. Je n’arrive pas à le croire.
– Vous auriez préféré que je sois l’auteur d’une bavure ? gronda l’autre gendarme. Alors c’est à l’hôpital que vous auriez récupéré votre gars et il aurait été indisponible quelques semaines !
La haute stature et les larges épaules du gendarme convainquirent aussitôt le commissaire du bien fondé de la menace.
– D’accord. Je suis désolé que mon adjoint ait perdu son sang-froid. Où est-il maintenant, Duplain ?
– Je l’ai mis avec le « spécial », chef ! Pour qu’il ne se sente pas trop seul.
Dans la cellule Raymond s’était rencogné au bout du banc, la joue appuyée contre le mur pour profiter de sa fraîcheur. Gonthier avait choisi de lui tourner le dos et il reniflait bruyamment.
Le commissaire entra et lui tapota gentiment l’épaule.
– Tout va s’arranger, Gonthier, j’en suis certain. Je parlerai à votre femme. Elle a dû éprouver un simple coup de cafard.
Deux grosses larmes coulèrent sur les joues du policier et Flavien lui tendit son mouchoir.
– Si elle me quitte, je ne le supporterai pas, chef. Elle me fait des petits plats, elle s’occupe des enfants. Je suis perdu sans elle.

Pendant cet échange, les gendarmes se tenaient debout, dans le couloir, et ils fixaient, avec insistance, le bout vernis de leurs chaussures. Peu habitués au spectacle d’un agent de la force publique en plein désarroi, ils se languissaient de pouvoir s’esquiver. Et puis leurs épouses les attendaient sans menacer, elles, de fuir à l’autre bout du pays !
C’est le moment que choisit Loison pour surgir dans le couloir. Il montra une hésitation en découvrant les deux militaires, puis une autre en apercevant son supérieur au fond d’une cellule.
– Désolé de vous déranger, chef, mais on a une urgence.
– Au point où j’en suis, Loison, allez-y !
– Garaut a aidé Ménard à changer sa roue et quand il a voulu revenir au commissariat, sa voiture n’était plus là.
– Quelqu’un a volé la voiture de votre collègue ? interrogea l’un des gendarmes, ébahi.
– Ah non, on est respecté dans le coin, protesta Loison. C’est le frein à main qui avait lâché. Et comme la route est pentue dans le quartier Lachaume.
 – Loison, si vous pouviez faire court !
– Oui, chef. Le véhicule de service a été stoppé net par le poste électrique et il a pris feu.
Le commissaire Flavien avait oublié son malheureux agent. Il se précipita vers Loison.
– La voiture flambe ?
– Oui, chef, et le poste électrique aussi. Les pompiers interviendront dès qu’ils le pourront. Les techniciens d’EDF doivent d’abord couper l’électricité dans le secteur et on nous demande d’assurer la sécurité. Parce que ça va être la nuit totale là-bas quand les lampadaires seront éteints et qu’il y aura toujours des malfaisants pour en profiter.
Gonthier se redressa en poussant un cri de détresse.
– Ma femme ! Elle est seule dans le logement avec les petits. Elle va paniquer.
 – On y va, Gonthier et vous aussi Loison.
– Oui, chef. Et on retrouvera Ménard et Garaut sur place puisque c’est eux qui ont fait les c...
Le commissaire le fusilla du regard et il ne termina pas sa phrase. Mais un problème demeurait en suspens.
– Chef ! Comment on fait puisqu’on n’a plus de voiture ?
– On prend la mienne !
Le commissaire Flavien et ses deux hommes sortirent du commissariat au pas de course pour s’engouffrer dans une berline grise et disparaître dans la nuit, sans sirène hurlante.
Les gendarmes les avaient suivis, désolés de voir la tournure des événements. Derrière eux arrivait Raymond, que personne n’avait vu s’éclipser de la cellule restée ouverte.
– Bonsoir, messieurs ! Belle nuit, n’est-ce pas ?
– Bonsoir ! Oh, vous faites partie de...
De l’index, l’un des gendarmes indiquait le commissariat. Raymond fit « non » de la tête.
– Pas du tout, j’étais venu bavarder avec Flavien, le commissaire.
Le gendarme acquiesça, l’air dubitatif.
– Il passe une drôle de soirée, le pauvre. C’est souvent comme ça par ici ?
Raymond plissa toutes les rides de son front dans une intense réflexion.
– A vrai dire je l’ignore. Mais le commissaire ne s’en porterait que mieux s’il laissait chacun gérer ses propres ennuis.
– C’est plein de bon sens, convint le gendarme qui ouvrit la portière arrière de son véhicule. On peut vous déposer quelque part ?
– C’est pas de refus et j'apprécie votre gentillesse, messieurs. Vous me laisserez du côté des Barades, je continuerai à pieds. J’aime profiter de la quiétude de la nuit.

Quelques minutes plus tard, Raymond était seul à nouveau. Il s’engagea, à petits pas, sur le chemin poussiéreux et, parvenu au pied du pont, il franchit la moitié du tablier. Là il s’arrêta et se pencha pour admirer les bruyères que le mistral, qui se renforçait, faisait joliment danser.
Il glissa les mains dans ses poches, redescendit du pont et s’éloigna. Un criquet fit quelques bonds pour l’accompagner, puis renonça. Dans le lointain, une lueur éclairait la nuit tandis que les sirènes des pompiers réveillaient les habitants plongés dans leur sommeil. Indifférent, le criquet s’arc-bouta sur ses pattes et se mit à chanter.

F I N


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