Histoire de Noël 2 : Olidor, prince des Neiges...

Olidor vivait avec ses parents dans un beau château sur la Montagne d'argent. Le prince aimait souvent partir, à cheval, se promener loin du château et ses parents, qui aimaient beaucoup leur fils, avait demandé à l'enchanteur Sarane d'accompagner le prince afin de veiller sur lui.
Ce jour-là, Olidor avait donc pris son superbe cheval noir et il avait galopé jusqu'aux limites de la Montagne d'argent pour rejoindre une clairière où vivait de nombreux oiseaux. Le Prince descendit de cheval et s'allongea dans l'herbe pour écouter les chants qui étaient si beaux qu'ils faisaient frissonner les feuillages des arbres.
Olidor était heureux ainsi et il pouvait rester des heures sans bouger, tandis que le rossignol chantait. Mais aujourd'hui les choses allaient changer. Un escargot s'était lancé à l'assaut du prince et, à force d'efforts, il parvint à grimper sur son bras ; ce qui finit par chatouiller le prince.
– Hé, que fais-tu ainsi, l'escargot ? s'écria Olidor.
– Je cherche du secours pour une princesse qui est en danger, répondit le gastéropode. Es-tu un prince qui n'a peur de rien ? Acceptes-tu de risquer ta vie pour sauver une jeune fille que tu ne connais pas ? Es-tu capable de...
– Hé ! Veux-tu cesser de me poser tant de questions ? dit le prince. Dis-moi plutôt où se trouve cette princesse et j'irai aussitôt la sauver.
– Elle est emprisonnée loin d'ici, de l'autre côté de la vallée. Je vais te conduire jusqu'à elle.
L'escargot entama un demi-tour, très, très lentement.
– Allez, suis-moi ! Je fonce.
Olidor n'en crut pas ses oreilles.
– Tu veux que je te suive de l'autre côté de la vallée ? Mais il me faudra des semaines. Je te rappelle que tu n'es qu'un gastéropode, pas un cheval qui file comme le vent.
En une seconde l'escargot s'enferma dans sa coquille. Ce qui agaça Olidor.
– Hé ! Sors de là, on n'a pas fini de discuter tous les deux.
Une forme se mit soudain à apparaître. C'était un homme vêtu d'une longue tunique de satin mauve. Son visage reflétait une grande sagesse.
– Que se passe-t-il, Olidor ?
– Te voilà, Sarane ! Regarde ce petit animal stupide qui se cache au lieu de me dire où est emprisonnée une malheureuse princesse.
Sarane prit l'escargot au creux de sa main.
– Je te salue, chevalier Courageux. Mon jeune ami et moi sommes heureux de pouvoir t'apporter notre aide.
– Cet animal s'appelle « Courageux » ? Je n'en crois pas mes oreilles. Et qu'il sorte donc de sa coquille.
Mais l'escargot ne bougeait pas d'un millimètre.
– Je refuse de sortir ! Ce prince m'a insulté !
– Moi, je t'ai insulté ? Mais quand ?
L'escargot dit d'une voix pleine de tristesse :
– Il m'a traité de « gastéropode ».
Sarane se tourna vers le jeune prince et lui adressa un regard sévère.
– Le chevalier attend tes excuses, Olidor. Et j'y tiens absolument.
Le prince ouvrit la bouche pour protester mais l'enchanteur fronça un peu plus les sourcils et Olidor dut s'incliner.
– D'accord, soupira-t-il. Je suis désolé d'avoir dit à un escargot qu'il était un gastéropode même si c'est bien la vérité.
Et l'escargot sortit de sa coquille.
– Très bien, dit Sarane. Maintenant sache que Courageux peut se déplacer rapidement si cela est nécessaire. Il lui suffit pour cela de prendre place sur le dos d'un oiseau. Nous allons le suivre. Tu vas le prendre avec toi et ainsi il nous guidera.
Sarane tendit sa main vers la selle et l'escargot prit place sur le dos du cheval noir d'Olidor. Le prince fit la grimace, puis il se résolut à enfourcher son cheval.
– Courageux, nous te suivons, dit Sarane qui redevint invisible.

Ils s'élancèrent à travers la forêt, guidés par le chevalier qui leur indiquait le chemin au fur et à mesure qu'ils avançaient.
– Nous devons suivre les fleurs mauves... ensuite, tourner à droite au grand chêne. Puis vous continuez tout droit sur huit cents mètres. Attention, il faut prendre à gauche après le trèfle à quatre feuilles et...
Olidor lui coupa la parole.
– Comment peut-on distinguer un trèfle à quatre feuilles au milieu de toute cette verdure ? Nous n'y parviendrons jamais.
– Et pourquoi donc ? protesta l'escargot. Moi, j'y arrive et je suis petit. Alors que toi, tu possèdes deux gros yeux énormes au milieu de ta figure.
– Décidément, cet escargot est insupportable, s'énerva Olidor.
Mais la voix de l'enchanteur se fit entendre :
– Prends ceci ! (Une grande loupe apparaît.) Voilà de quoi faciliter ta recherche.
– Je l'espère, gronda le prince qui descendit de cheval, prit la loupe et commença à inspecter les trèfles. Une heure allait prendre fin quand, soudain...
– Je l'ai trouvé ! s'écria le prince. Le trèfle est juste là.
– Tant mieux, dit l'enchanteur. Repartons.
Ils tournèrent à gauche et poursuivirent jusqu'à ce qu'ils se retrouvent arrêtés par le vide.
– Nous ne pourrons pas aller plus loin, dit Sarane qui apparut à nouveau. Qu'en pense notre ami l'escargot ?
Le prince Olidor se pencha sur la coquille et, l'air stupéfait, il ouvrit largement les bras :
– Il dort ! Il nous implore de sauver une princesse et il s'endort !
– Je vais le réveiller, dit l'enchanteur et, du bout d'un doigt, il cogna contre la coquille. L'escargot rouvrit les yeux et s'exclama aussitôt :
– Oh, désolé, je réfléchissais. Que se passe-t-il ?
– Nous voilà coincés sur cette hauteur, dit le prince.
– Alors, il faut abandonner le cheval et utiliser le toboggan pour atteindre la vallée, répondit Courageux.
Sarane avança d'un pas et aperçut une large bande jaune qui descendait jusqu'à la vallée.
– Quelle chose singulière, vraiment ! dit-il en voyant cela.
Olidor descendit de cheval et vint à ses côtés. Il pâlit en voyant le vide devant lui.
– Faisons demi-tour et trouvons un autre chemin.
Ce qui mit l'escargot dans une grande colère.
– Descendez-moi de ce cheval ! La princesse est prisonnière et je la sauverai, avec ou sans vous.
Olidor prit l'escargot et le posa au bord du toboggan. « Hop ! », l'escargot disparut. Sarane et Olidor virent la petite coquille glisser le long de la bande jaune jusqu'au bas de la pente.
– Je crois que nous n'avons plus le choix. A ton tour, Olidor ! ordonna Sarane.
– Mais... et mon cheval, que va-t-il devenir ?
Sarane montra l'animal qui se régalait d'herbe fraîche.
– Il a de quoi manger autant que nécessaire et la rivière qui coule à deux pas d'ici lui fournira de quoi boire. Il va nous attendre sagement. Allons !
– Me voilà bien obligé de vous obéir, gronda Olidor. Je passe le premier ?
– Oh, je n'ai pas besoin de cette étrange chose, jeune prince. Il me suffit d'utiliser un tour de magie et je t'attends avec Courageux. A tout de suite !
Et l'enchanteur s'évapora.
Olidor se retrouva seul et il n'était pas content du tout.
– Un prince sans son cheval, gronda-t-il, c'est comme un escargot sans sa coquille. Maudit soit ce gastéropode !
Et le prince s'assit sur la bande jaune et se laissa glisser à son tour.

Tous trois étaient enfin arrivés dans la vallée ; il fallait maintenant la traverser pour aller libérer la princesse.
– Il nous faut un moyen de locomotion rapide, déclara Courageux.
Olidor fit lentement un tour complet sur lui-même. Cette vallée apparaissait différente de toutes celles qu'il connaissait. D'abord il n'y avait que du sable sur une longue distance, puis on distinguait, dans le lointain, de la rocaille et des rochers de petite taille, et enfin une multitude d'arbres, aux troncs tordus, dont les branches, nombreuses, s'étiraient vers le ciel.
« Et derrière, qu'y a-t-il derrière ? s'interrogea Olidor qui poursuivit sa réflexion à voix haute : On ne peut pas franchir de telles distances à pied, c'est infaisable. Et je n'aperçois aucun cheval.
– Ce jeune prince se montre-t-il toujours aussi pessimiste ? demanda Courageux à Sarane. C'est pourtant facile de se procurer une monture qui nous transportera. Montrez-lui, Sarane !
L'enchanteur fit sortir une baguette de sa large manche ; il décrivit une sorte de cercle dans les airs et un animal apparut qui était des plus étranges : une tête de biche aux grands yeux, un corps d'aigle couvert de plumes, des ailes de papillon et les pattes d'un solide cheval de labour.
Tandis que Sarane et Courageux échangeaient un regard satisfait, Olidor demeura sans voix.
– Félicitations, Sarane. Vous êtes vraiment un enchanteur exceptionnel.
– Je vous remercie, chevalier Courageux. J'apprécie ce compliment qui me va droit au cœur. Alors, Olidor, nous partons ?
Stupéfait, Olidor explosa :
– Vous ne prétendez pas me faire monter sur cette... enfin, sur ce... Jamais ! Vous m'entendez ? Jamais je n'accepterai.
Sarane prit l'escargot dans sa main et, d'un bond, il prit place sur la bête.
– Il s'appelle Chotima et il est de la race des Ouplou, expliqua-t-il. Alors, Prince, nous t'attendons ! Sauf, si tu veux nous suivre à pied mais le chemin sera long sur le sable brûlant des Serpents Mortels.
– Oh ça va, je viens, dit Olidor, et il s'assit, avec précaution, sur le dos recouvert de longues plumes grises.
– Allons-y, Chotima, dit Sarane.
Et l'animal s'envola. Olidor songea que ce n'était pas rassurant de survoler une étendue sablée de si mauvaise réputation.
– Je suppose que ce sont des serpents normaux ? Je veux dire : de petite taille ? se renseigna-t-il auprès de Courageux.
– Oh non, ils mesurent plusieurs mètres de longueur et certains pourraient même atteindre Chotima s'ils se redressaient brusquement. Et cela arrive. Une seule morsure de leurs redoutables crochets venimeux et nous serions tous morts.
Le chevalier Courageux avait dit cela sans trembler mais le prince se sentit pâlir.
– Et vous m'annoncez cette nouvelle comme si vous me parliez de la pluie et du beau temps ! Dites immédiatement à ce Ouplou de voler plus haut !
L'enchanteur parut surpris par l'éclat de colère du prince.
– C'est impossible, Olidor. Le Ouplou ne peut pas dépasser les six mètres d'altitude à cause de ses ailes trop fines et fragiles. Mais, ne vous en faites pas, tout se passera bien. N'est-ce pas, Courageux ?
– Je n'en sais rien, répondit l'escargot. Je n'ai encore jamais survolé le sable aux Serpents Mortels en me cramponnant au dos d'un Ouplou.
Olidor fut certain, à cet instant, d'être devenu très pâle et il sentit son front se couvrir de sueur. « Voyons, Olidor, réfléchis : un Ouplou avec des ailes trop fines pour voler très haut et puis de monstrueux serpents qui risquent d'attaquer à tout moment... La solution, c'est... »
Olidor sortit son épée de son fourreau et, la tenant serrée entre ses mains, il resta sur ses gardes, guettant le danger qui pouvait provenir de n'importe quel côté.
Chotima se déplaçait avec force et puissance. Chacun de ses coups d'ailes le faisait avancer d'une quinzaine de mètres et on se rapprochait de la rocaille des Loups-Monstres. Soudain, une énorme tête de serpent surgit devant le Ouplou et ouvrit largement une bouche où l'on voyait deux crochets pointus. Olidor abattit de toutes ses forces le plat de son épée sur la tête du Serpent Mortel. Celui-ci, assommé, retomba lourdement sur le sable.
– Un très joli coup réalisé de main de maître, reconnut l'escargot.
Et Sarane acquiesça.
– Je savais que nous pouvions compter sur Olidor, il n'a peur de rien. Regardez, mes amis ! Nous quittons le sable pour aborder la rocaille. Ouf ! Nous avons franchi la première difficulté.

Le Ouplou se posa sur l'étendue de rocaille. L'enchanteur fit apparaître une fontaine où chacun put boire une eau fraîche ; le Ouplou en profita pour y tremper sa jolie tête de biche.
– Nous voilà sur la rocaille des Loups-Monstres, dit Sarane. Nous allons prendre un peu de repos.
Olidor se demanda où il allait pouvoir s'allonger pour dormir. Les pierres étaient pointues ; il en prit une dans sa main et réalisa qu'elle était très coupante.
– On ne pourra pas se coucher sur ces cailloux, même en intercalant une dizaine de couvertures, dit-il à Sarane qui lui répondit qu'il s'en occupait tout de suite.
Et l'enchanteur mit quelques coups de baguette pour faire apparaître des lits confortables. Olidor s'allongea sur un lit, Sarane sur un autre avec Courageux posé sur son épaule. Chotima plia doucement ces grosses pattes pour se coucher sur le troisième lit. Un nouveau coup de baguette et une grande toile noire les recouvrit complètement.
Allongé sur son lit improvisé, le prince regarda Chotima ; la bête s'était endormie. Elle paraissait paisible.
– Sarane, vous ne m'aviez pas dit que c'était la rocaille des Loups-Monstres. Je n'aime pas vos cachotteries. A quoi ressemble ces bêtes qui portent un si vilain nom ?
– A vrai dire, je n'en ai jamais aperçu aucun et je m'en réjouis car je redoute cette rencontre. Dors, Olidor. Demain, une rude journée nous attend.

Le lendemain, un soleil rouge se leva dans un ciel gris métallique. Sarane secoua Olidor qui dormait encore à poings fermés.
– Debout, jeune prince, il est temps pour nous de repartir.
Olidor se redressa et vit disparaître la tente. Un autre claquement des doigts de l'enchanteur et le jeune prince se retrouva sur les cailloux.
– Aïe ! Hé, Sarane, qu'est-ce qui vous arrive ?
Le Ouplou se dressait déjà sur ses quatre pattes, l'oeil vif. Sarane et Courageux s'y installèrent.
– Hâtez-vous, Olidor. Ils ne tarderont pas dès qu'ils verront que le soleil rouge a pris place dans le ciel. Olidor les rejoignit sur le Ouplou et Sarane expliqua :
– Chotima a besoin de repos. Il ne peut pas voler plus de quelques heures avec le poids de deux hommes sur son dos. Vous voyez ce soleil rouge ? Dès qu'il pâlira les Loup-Monstres se mettront en chasse pour se nourrir, jusqu'à ce que le soleil disparaisse.
– Et quelle est leur nourriture préférée ? osa demander le prince.
– Nous ! répondit simplement l'enchanteur. Vous comprenez pourquoi il est urgent de quitter cette terre de rocaille.
– Je vous rappelle que j'ai mon épée pour nous défendre et il me semble que vous êtes un enchanteur avec une baguette et des pouvoirs magiques.
Sarane regarda autour d'eux, mais tout était calme.
– Normalement, oui, je pourrais nous protéger mais cette vallée est particulière. Les ondes que dégagent ces pierres m’empêchent de me servir de mes pouvoirs.
– Alors je vais veiller sur nous tous, Chotima y compris, dit Olidor.
Les heures s'écoulèrent. Le Ouplou avançait à grands pas rapides et, grâce à ses pattes, très larges et solides, ses passagers n'étaient pas secoués. Chotima se déplaçait facilement sur les pierres et se faufilait entre des murets et des bosses de pierres.
Ce n'est pas très varié comme paysage, songea Sarane qui regarda le ciel et s'écria :
– Le soleil ! Il est rose et il pâlit encore.
A cet instant, un cri épouvantable retentit qui dura plusieurs secondes. Aussitôt le chevalier Courageux rentra dans sa coquille, Olidor dégaina son épée et Sarane serra sa baguette, inutile, dans sa main.
– Au secours, sauvez-moi !
Un étrange bonhomme venait de surgir d'un gros tas de rocaille et il agitait les bras.
– Sauvez-moi ! Ils veulent me manger.
Il fit un bond et atterrit sur le Ouplou, dans les bras de Sarane qui en fut tout étonné. Il y eut beaucoup de bruit et quatre Loups-Monstres se ruèrent vers eux et les encerclèrent.
Olidor sauta au bas du Ouplou et, armé de son épée, il se prépara au combat.
Les vilaines bêtes semblaient prêtes à l'attaque, Sarane était désemparé avec sa baguette qui ne lui servait à rien, le bonhomme tremblait de peur et s'était caché dans le dos de l'enchanteur.
Les Loups-Monstres firent quelques pas pour s'approcher encore. Ils avaient d'affreuses têtes et ils montraient de longs crocs aigus ; leurs corps étaient couverts de poils noirs très courts et ils étaient si grands qu'ils dépassaient le Ouplou.
Soudain, on entendit une voix qui disait bien haut et bien fort :
– Allez-vous en et laissez mes amis tranquilles !
Les loups-Monstres se mirent à reculer. Olidor et Sarane se retournèrent et découvrirent Courageux, qui était ressorti de sa coquille et qui criait très fort. Les vilaines bêtes finirent par se sauver.
– Je n'en crois pas mes yeux, dit Olidor.
– Et le soleil a disparu du ciel, s'écria Sarane. Les bêtes ne reviendront pas, nous voilà en sécurité.
Tous deux regardèrent Courageux qui semblait fier de lui. Le bonhomme aussi était surpris.
– Je suis un Miloulicou. J'habite avec mes amis dans la forêt et vous m'avez sauvé la vie.
– Oh, c'était facile, dit Courageux. Les loups-Monstres ont une peur terrible des escargots.
– Vous auriez pu nous le dire, dit Olidor. Ces monstres étaient terrifiants.
– Vous êtes un prince qui ne tremble jamais face au danger. Je suis fier d'être à vos côtés pour aller sauver une princesse.
Sarane trouva que les choses se terminaient bien et il proposa au Miloulicou de l'emmener avec eux, sur le Ouplou, jusqu'à la forêt.
– Cette forêt porte un nom terrible qui nous promet encore bien des difficultés. C'est la forêt de la Peur.
Le Miloulicou se mit à rire doucement :
– Comme ce nom est amusant, riait-il. Mais ce n'est pas le vrai. C'est la forêt de la Fleur ! J'y vis avec mes amis et si je me suis retrouvé face aux Loups-Monstres, c'est parce que j'avais perdu mon chemin. J'ai hâte de revoir mes amis. Ils seront heureux de vous accueillir.

Toute la petite troupe reprit sa route et, bientôt, ils entraient dans la forêt de la Fleur.
Sarane, Olidor et Courageux comprirent très vite que les arbres, aux troncs tordus avec des branches qui s'étiraient vers le ciel, n'étaient que des arbres de plastique.
Miloulicou eut un joli petit sourire et expliqua :
– Les arbres empêchent les Loups-Monstres de pénétrer dans notre forêt et ainsi nous sommes à l'abri. Mais il ne faut pas, comme moi, chercher à sortir de cette forêt.
Soudain, le Ouplou arriva dans un jardin couvert de fleurs et des dizaines de personnages, semblables au Miloulicou, apparurent en poussant des cris de joie.
– Miloulicou est de retour et il est sain et sauf, disaient-ils et ils s'approchèrent pour le serrer dans leurs bras.
L'enchanteur Sarane, le prince Olidor et le chevalier Courageux furent accueillis comme des amis car ils avaient sauvé Miloulicou. Sarane demanda à ce qu'on lui présente tous ces charmants personnages mais Miloullicou répondit que c'était impossible.
– Et pourquoi ? s'étonna Sarane.
– Parce qu'ils s'appellent tous comme moi : Miloulicou !
– Et moi, m'oublierais-tu ?
Une très jolie jeune fille venait, à l'instant, de rejoindre les Miloulicous. Quand le prince la vit, il la trouva si belle qu'il en tomba amoureux sur le champ.
– Je me prénomme Florila et je suis la princesse des Fleurs.
– Je suis Olidor, prince des Neiges. Acceptez-vous de venir vivre dans mon château sur la Montagne d'argent ?
La princesse rougit et répondit qu'elle acceptait. Alors tous les Miloulicous applaudirent et ils semblaient tous si heureux.
– Hé ! Vous oubliez de délivrer ma princesse ! protesta l'escargot.
Sarane fut tout étonné car il pensait que cette histoire était terminée ; surtout après avoir traversé des lieux si dangereux.
– Voyons, Courageux, la princesse Florila est enfin libre !
– Mais ce n'est pas la mienne, insista l'escargot. Ma princesse est toujours enfermée de l'autre côté de la forêt. Je ne peux vivre sans elle. Adieu mes amis, je pars la sauver.
L'escargot fit mine de s'éloigner mais Olidor l'attrapa par sa coquille et le posa au creux de sa main.
– Nous sommes devenus tes amis pour toujours, Courageux. Donc, Sarane et moi serons à tes côtés jusqu'à ce que tu retrouves ta douce amie.
– Nous aussi ! Nous aussi ! crièrent tous les Miloulicous en faisant des bonds de joie.
– Oui, ils ont raison, nous vous accompagnons, dit la princesse Florila. Nous avons construit un navire en espérant quitter, un jour, notre forêt cernée par ces affreux Loups-Monstres. Il va nous servir pour sauver une princesse. Allons, mes amis, faites-vite !

Sans attendre une seconde de plus, quelques Miloulicous partirent en courant et ils revinrent à bord d'une longue barque bleue avec des grandes voiles dorées. Elle volait au-dessus du sol sans le toucher. Tout le monde embarqua sur le beau bateau. Il leur fallut un peu de temps pour traverser la grande forêt et en sortir et, enfin, ils se retrouvèrent au bord d'un lac. Le navire prit alors de l'altitude.
– Notre bateau ne doit pas toucher l'eau à cause des Poissons-Mangeurs, expliqua le Miloulicou qu'ils avaient sauvé des Loups-Monstres.
– Mais pourquoi ? s'étonna le prince Olidor.
– Parce que les Poissons-Mangeurs adorent dévorer le bois !
Décidément, songea le prince, cet endroit est tout aussi dangereux que le sable brûlant des Serpents Mortels ou la rocaille des Loups-Monstres.
La longue barque filait dans les airs. En se penchant par-dessus bord, Olidor apercevait des poissons avec une tête très grosse ; ils nageaient très vite dans la mer et semblaient les suivre.
– Je n'aimerais par voir leur sourire, dit l'escargot qui se tenait sur l'épaule d'Olidor. Je crois qu'ils ont de grandes dents.
Le lac n'était pas très large et il se termina au bord d'une étendue de terre orange au milieu de laquelle on distinguait une haute tour de pierre.
– Nous arrivons, dit l'enchanteur.
Les Miloulicous manoeuvrèrent leur barque qui vint se poser doucement sur le sol orange et tous quittèrent le navire. Ils marchèrent jusqu'au pied de la tour et s'arrêtèrent.
Quand ils levèrent la tête, ils réalisèrent que la tour s'arrêtait sous de gros nuages blancs ou gris. Le chevalier Courageux poussa un cri de désespoir.
– Jamais je ne pourrai atteindre le sommet et libérer ma princesse.
L'enchanteur Sarane se montra très étonné.
– Qui a bien pu enfermer cette princesse dans cet endroit ?
– C'est Kroba, le corbeau qui l'a attrapée entre ses griffes et l'a déposée tout là-haut. Il me déteste depuis qu'il sait que la princesse est amoureuse de moi et non de lui. C'est ainsi qu'il s'est vengé.
Sarane sortit sa baguette magique de sa manche et, se tournant vers Olidor, il lui dit :
– Courageux a besoin de toi. Es-tu prêt ?
Olidor fit « oui » de la tête et d'un geste, Sarane le changea en une pie qui s'envola très haut dans le ciel et, très vite, elle disparut dans un nuage blanc.
– Pourra-t-il la sauver ? s'inquiéta Courageux.
Mais soudain la pie réapparut et elle revint déposer un escargot aux côtés de Courageux. C'était une princesse portant une minuscule couronne en or sur la tête. Mais alors que Courageux poussait un cri de joie, un Miloulicou s'écria qu'un corbeau tournoyait au-dessus d'eux.
– Croa ! Croa ! croassait le corbeau et il semblait très en colère.
Alors d'un coup de baguette, Sarane fit apparaître une grande cage et d'un autre coup de baguette, il changea la pie en un aigle redoutable.
– A toi de jouer, jeune prince !
L'aigle s'envola et, fonçant à vive allure sur le corbeau, il l'attrapa entre ses serres et revint le jeter dans la cage. Sarane ferma la porte à clé et rendit sa forme de prince à Olidor.
Enfin, cette aventure semblait bien se terminer. Courageux faisait les yeux doux à sa princesse tandis qu'Olidor et Florila se tenaient par la main. L'enchanteur semblait satisfait à l'idée de regagner le château sur la Montagne d'Argent et de raconter ces aventures incroyables aux parents d'Olidor.
Seuls, les Miloulicous paraissaient tristes. Sarane s'en rendit compte et Miloulicou lui expliqua :
– Vous allez vous en aller loin de nous et nous repartirons vivre dans notre forêt, cernée par les Loups-Monstres. C'est une chose terrible pour nous.
Olidor et Florila s'avancèrent vers eux.
– Pourquoi ne pas tous repartir vivre au château ? Il est immense, il y aura de la place pour chacun d'entre vous.
Et c'est ainsi que les choses se déroulèrent. Ils montèrent sur le navire, firent une courte halte pour qu'Olidor retrouve son cheval noir qui l'attendait paisiblement, et le navire termina sa longue route au sommet de la Montagne d'Argent.
C'est là qu'ils vécurent ensemble longtemps et heureux. Quant à Kroba, il passa le restant de ses jours dans sa grande cage et ne fit plus jamais de mal à personne.

F I N


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