Histoire de Noël 2 : Olidor, prince des Neiges...
Olidor vivait avec ses parents dans un beau château sur la Montagne
d'argent. Le prince aimait souvent partir, à
cheval, se promener loin du château et ses parents, qui aimaient
beaucoup leur fils, avait demandé à l'enchanteur Sarane d'accompagner
le prince afin de veiller sur lui.
Ce jour-là, Olidor avait donc pris son superbe
cheval noir et il avait galopé jusqu'aux limites de la Montagne
d'argent pour rejoindre une clairière où vivait de nombreux oiseaux. Le
Prince descendit de cheval et s'allongea dans l'herbe pour écouter les
chants qui étaient si beaux qu'ils faisaient frissonner les feuillages
des arbres.
Olidor était heureux ainsi et il pouvait rester
des heures sans bouger, tandis que le rossignol chantait. Mais
aujourd'hui les choses allaient changer. Un escargot s'était lancé à
l'assaut du prince et, à force d'efforts, il parvint à grimper sur son
bras ; ce qui finit par chatouiller le prince.
– Hé, que fais-tu ainsi, l'escargot ? s'écria Olidor.
– Je cherche du secours pour une princesse qui est en danger, répondit
le gastéropode. Es-tu un prince qui n'a peur de rien ? Acceptes-tu de
risquer ta vie pour sauver une jeune fille que tu ne connais pas ?
Es-tu capable de...
– Hé ! Veux-tu cesser de me poser tant de questions ? dit le prince.
Dis-moi plutôt où se trouve cette princesse et j'irai aussitôt la
sauver.
– Elle est emprisonnée loin d'ici, de l'autre côté de la vallée. Je
vais te conduire jusqu'à elle.
L'escargot entama un demi-tour, très, très
lentement.
– Allez, suis-moi ! Je fonce.
Olidor n'en crut pas ses oreilles.
– Tu veux que je te suive de l'autre côté de la vallée ? Mais il me
faudra des semaines. Je te rappelle que tu n'es qu'un gastéropode, pas
un cheval qui file comme le vent.
En une seconde l'escargot s'enferma dans
sa coquille. Ce qui agaça Olidor.
– Hé ! Sors de là, on n'a pas fini de discuter tous les deux.
Une forme se mit soudain à apparaître. C'était
un homme vêtu d'une longue tunique de satin mauve. Son visage reflétait
une grande sagesse.
– Que se passe-t-il, Olidor ?
– Te voilà, Sarane ! Regarde ce petit animal stupide qui se cache au
lieu de me dire où est emprisonnée une malheureuse princesse.
Sarane prit l'escargot au creux de sa main.
– Je te salue, chevalier Courageux. Mon jeune ami et moi sommes heureux
de pouvoir t'apporter notre aide.
– Cet animal s'appelle « Courageux » ? Je n'en crois pas mes oreilles.
Et qu'il sorte donc de sa coquille.
Mais l'escargot ne bougeait pas d'un millimètre.
– Je refuse de sortir ! Ce prince m'a insulté !
– Moi, je t'ai insulté ? Mais quand ?
L'escargot dit
d'une voix pleine de tristesse :
– Il m'a traité de « gastéropode ».
Sarane se tourna vers le jeune prince et lui
adressa un regard sévère.
– Le chevalier attend tes excuses, Olidor. Et j'y tiens absolument.
Le prince ouvrit la bouche pour protester mais
l'enchanteur fronça un peu plus les sourcils et Olidor dut s'incliner.
– D'accord, soupira-t-il. Je suis désolé d'avoir dit à un escargot
qu'il était un gastéropode même si c'est bien la vérité.
Et l'escargot sortit de sa coquille.
– Très bien,
dit Sarane. Maintenant sache que Courageux peut se déplacer rapidement
si cela est nécessaire. Il lui suffit pour cela de prendre place sur le
dos d'un oiseau. Nous allons le suivre. Tu vas le prendre avec toi et
ainsi il nous guidera.
Sarane tendit sa main vers la selle et
l'escargot prit place sur le dos du cheval noir d'Olidor. Le prince fit
la grimace, puis il se résolut à enfourcher son cheval.
– Courageux,
nous te suivons, dit Sarane qui redevint invisible.
Ils s'élancèrent à travers la forêt, guidés par le chevalier qui
leur indiquait le chemin au fur et à mesure qu'ils avançaient.
– Nous
devons suivre les fleurs mauves... ensuite, tourner à droite au grand
chêne. Puis vous continuez tout droit sur huit cents mètres. Attention,
il faut prendre à gauche après le trèfle à quatre feuilles et...
Olidor
lui coupa la parole.
– Comment peut-on distinguer un trèfle à quatre
feuilles au milieu de toute cette verdure ? Nous n'y parviendrons
jamais.
– Et pourquoi donc ? protesta l'escargot. Moi, j'y arrive et je
suis petit. Alors que toi, tu possèdes deux gros yeux énormes au milieu
de ta figure.
– Décidément, cet escargot est insupportable, s'énerva
Olidor.
Mais la voix de l'enchanteur se fit entendre :
– Prends ceci !
(Une grande loupe apparaît.) Voilà de quoi faciliter ta recherche.
– Je
l'espère, gronda le prince qui descendit de cheval, prit la loupe et
commença à inspecter les trèfles. Une heure allait prendre fin quand,
soudain...
– Je l'ai trouvé ! s'écria le prince. Le trèfle est juste là.
– Tant mieux, dit l'enchanteur.
Repartons.
Ils tournèrent à gauche et poursuivirent jusqu'à
ce qu'ils
se retrouvent arrêtés par le vide.
– Nous ne pourrons pas aller plus
loin, dit Sarane qui apparut à nouveau. Qu'en pense notre ami
l'escargot ?
Le
prince Olidor se pencha sur la coquille et, l'air stupéfait, il ouvrit
largement les bras :
– Il dort ! Il nous implore de sauver une
princesse et il s'endort !
– Je vais le réveiller, dit l'enchanteur et,
du bout d'un doigt, il cogna contre la coquille. L'escargot rouvrit les
yeux et s'exclama aussitôt :
– Oh, désolé, je réfléchissais. Que se
passe-t-il ?
– Nous voilà coincés sur cette hauteur, dit le prince.
–
Alors, il faut abandonner le cheval et utiliser le toboggan pour
atteindre la vallée, répondit Courageux.
Sarane avança d'un pas et
aperçut une large bande jaune qui descendait jusqu'à la vallée.
–
Quelle chose singulière, vraiment ! dit-il en voyant cela.
Olidor
descendit de cheval et vint à ses côtés. Il pâlit en voyant le vide
devant lui.
– Faisons demi-tour et trouvons un autre chemin.
Ce qui mit
l'escargot dans une grande colère.
– Descendez-moi de ce cheval ! La
princesse est prisonnière et je la sauverai, avec ou sans vous.
Olidor prit l'escargot et le posa au bord du toboggan. « Hop ! »,
l'escargot disparut. Sarane et Olidor virent la petite coquille glisser
le long de la bande jaune jusqu'au bas de la pente.
– Je crois que nous
n'avons plus le choix. A ton tour, Olidor ! ordonna Sarane.
– Mais...
et mon cheval, que va-t-il devenir ?
Sarane montra l'animal qui se
régalait d'herbe fraîche.
– Il a de quoi manger autant que nécessaire
et la rivière qui coule à deux pas d'ici lui fournira de quoi boire. Il
va nous attendre sagement. Allons !
– Me voilà bien obligé de vous
obéir, gronda Olidor. Je passe le premier ?
– Oh, je n'ai pas besoin de
cette étrange chose, jeune prince. Il me suffit d'utiliser un tour de
magie et je t'attends avec Courageux. A tout de suite !
Et l'enchanteur
s'évapora.
Olidor se retrouva seul et il n'était pas
content du tout.
– Un prince sans son cheval, gronda-t-il, c'est comme un escargot sans
sa
coquille. Maudit soit ce gastéropode !
Et le prince s'assit sur la
bande jaune et se laissa glisser à son tour.
Tous trois étaient enfin arrivés dans la vallée ; il fallait
maintenant la traverser pour aller libérer la princesse.
– Il nous faut
un moyen de locomotion rapide, déclara Courageux.
Olidor fit lentement
un tour complet sur lui-même. Cette vallée apparaissait différente de
toutes celles qu'il connaissait. D'abord il n'y avait que du sable sur
une longue distance, puis on distinguait, dans le lointain, de la
rocaille et des rochers de petite taille, et enfin une multitude
d'arbres, aux troncs tordus, dont les branches, nombreuses, s'étiraient
vers le ciel.
« Et derrière, qu'y a-t-il derrière ?
s'interrogea Olidor
qui poursuivit sa réflexion à voix haute : On ne peut pas franchir de
telles distances à pied, c'est infaisable. Et je n'aperçois aucun
cheval.
– Ce jeune prince se montre-t-il toujours aussi pessimiste ?
demanda Courageux à Sarane. C'est pourtant facile de se procurer une
monture qui nous transportera. Montrez-lui, Sarane !
L'enchanteur fit
sortir une baguette de sa large manche ; il décrivit une sorte de
cercle dans les airs et un animal apparut qui était des plus étranges :
une tête de biche aux grands yeux, un corps d'aigle couvert de plumes,
des ailes de papillon et les pattes d'un solide cheval de labour.
Tandis que Sarane et Courageux échangeaient un regard satisfait, Olidor
demeura sans voix.
– Félicitations, Sarane. Vous êtes vraiment un
enchanteur exceptionnel.
– Je vous remercie, chevalier Courageux.
J'apprécie ce compliment qui me va droit au cœur. Alors, Olidor, nous
partons ?
Stupéfait, Olidor explosa :
– Vous ne prétendez pas me faire
monter sur cette... enfin, sur ce... Jamais ! Vous m'entendez ? Jamais
je n'accepterai.
Sarane prit l'escargot dans sa main et, d'un
bond, il
prit place sur la bête.
– Il s'appelle Chotima et il est de la race des
Ouplou, expliqua-t-il. Alors, Prince, nous t'attendons ! Sauf, si tu
veux nous suivre à pied mais le chemin sera long sur le sable brûlant
des Serpents Mortels.
– Oh ça va, je viens, dit Olidor, et il s'assit,
avec précaution, sur le dos recouvert de longues plumes grises.
– Allons-y, Chotima, dit Sarane.
Et l'animal s'envola. Olidor songea
que
ce n'était pas rassurant de survoler une étendue sablée de si mauvaise
réputation.
– Je suppose que ce sont des serpents normaux ? Je veux dire : de
petite taille ? se renseigna-t-il auprès de Courageux.
– Oh non, ils mesurent plusieurs mètres de longueur et certains
pourraient même atteindre Chotima s'ils se redressaient brusquement. Et
cela arrive. Une seule morsure de leurs redoutables crochets venimeux
et nous serions tous morts.
Le chevalier Courageux avait dit cela sans
trembler mais le prince se sentit pâlir.
– Et vous m'annoncez cette nouvelle comme si vous me parliez de la
pluie et du beau temps ! Dites immédiatement à ce Ouplou de voler plus
haut !
L'enchanteur parut surpris par l'éclat de colère
du prince.
– C'est impossible, Olidor. Le Ouplou ne peut pas dépasser les six
mètres d'altitude à cause de ses ailes trop fines et fragiles. Mais, ne
vous en faites pas, tout se passera bien. N'est-ce pas, Courageux ?
– Je n'en sais rien, répondit l'escargot. Je n'ai encore jamais survolé
le sable aux Serpents Mortels en me cramponnant au dos d'un Ouplou.
Olidor fut certain, à cet instant, d'être devenu
très pâle et il sentit son front se couvrir de sueur.
« Voyons, Olidor, réfléchis : un Ouplou avec des ailes trop fines pour
voler très haut et puis de monstrueux serpents qui risquent d'attaquer
à tout moment... La solution, c'est... »
Olidor sortit son épée de son fourreau et, la
tenant serrée entre ses mains, il resta sur ses gardes, guettant le
danger qui pouvait provenir de n'importe quel côté.
Chotima se déplaçait avec force et puissance.
Chacun de ses coups d'ailes le faisait avancer d'une quinzaine de
mètres et on se rapprochait de la rocaille des Loups-Monstres. Soudain,
une énorme tête de serpent surgit devant le Ouplou et ouvrit largement
une bouche où l'on voyait deux crochets pointus. Olidor abattit de
toutes ses forces le plat de son épée sur la tête du Serpent Mortel.
Celui-ci, assommé, retomba lourdement sur le sable.
– Un très joli coup réalisé de main de maître, reconnut l'escargot.
Et Sarane acquiesça.
– Je savais que nous pouvions compter sur Olidor, il n'a peur de rien.
Regardez, mes amis !
Nous quittons le sable pour aborder la rocaille. Ouf ! Nous avons
franchi la première difficulté.
Le Ouplou se posa sur l'étendue de rocaille. L'enchanteur fit
apparaître une fontaine où chacun put boire une eau fraîche ; le Ouplou
en profita pour y tremper sa jolie tête de biche.
– Nous voilà sur la rocaille des Loups-Monstres, dit Sarane. Nous
allons prendre un peu de repos.
Olidor se demanda où il allait pouvoir
s'allonger pour dormir. Les pierres étaient pointues ; il en prit une
dans sa main et réalisa qu'elle était très coupante.
– On ne pourra pas se coucher sur ces cailloux, même en intercalant une
dizaine de couvertures, dit-il à Sarane qui lui répondit qu'il s'en
occupait tout de suite.
Et l'enchanteur mit quelques coups de baguette
pour faire apparaître des lits confortables. Olidor s'allongea sur un
lit, Sarane sur un autre avec Courageux posé sur son épaule. Chotima
plia doucement ces grosses pattes pour se coucher sur le troisième lit.
Un nouveau coup de baguette et une grande toile noire les recouvrit
complètement.
Allongé sur son lit improvisé, le prince regarda
Chotima ; la bête s'était endormie. Elle paraissait paisible.
– Sarane, vous ne m'aviez pas dit que c'était la rocaille des
Loups-Monstres. Je n'aime pas vos cachotteries. A quoi ressemble ces
bêtes qui portent un si vilain nom ?
– A vrai dire, je n'en ai jamais aperçu aucun et je m'en réjouis car je
redoute cette rencontre. Dors, Olidor. Demain, une rude journée nous
attend.
Le lendemain, un soleil rouge se leva dans un ciel gris métallique.
Sarane secoua Olidor qui dormait encore à poings fermés.
– Debout,
jeune prince, il est temps pour nous de repartir.
Olidor se redressa et
vit disparaître la tente. Un autre claquement des doigts de
l'enchanteur et le jeune prince se retrouva sur les cailloux.
– Aïe ! Hé, Sarane, qu'est-ce qui vous arrive ?
Le Ouplou se dressait déjà
sur ses quatre pattes, l'oeil vif. Sarane et Courageux s'y
installèrent.
– Hâtez-vous, Olidor. Ils ne tarderont pas dès qu'ils
verront que le soleil rouge a pris place dans le ciel. Olidor les
rejoignit sur le Ouplou et Sarane expliqua :
– Chotima a besoin de
repos. Il ne peut pas voler plus de quelques heures avec le poids de
deux hommes sur son dos. Vous voyez ce soleil rouge ? Dès qu'il pâlira
les Loup-Monstres se mettront en chasse pour se nourrir, jusqu'à ce que
le soleil disparaisse.
– Et quelle est leur nourriture préférée ? osa
demander le prince.
– Nous ! répondit simplement l'enchanteur. Vous
comprenez pourquoi il est urgent de quitter cette terre de rocaille.
–
Je vous rappelle que j'ai mon épée pour nous défendre et il me semble
que vous êtes un enchanteur avec une baguette et des pouvoirs magiques.
Sarane regarda autour d'eux, mais tout était calme.
– Normalement, oui,
je pourrais nous protéger mais cette vallée est particulière. Les ondes
que dégagent ces pierres m’empêchent de me servir de mes pouvoirs.
– Alors je vais veiller sur nous tous, Chotima y compris, dit Olidor.
Les heures s'écoulèrent. Le Ouplou avançait à grands pas rapides et,
grâce à ses pattes, très larges et solides, ses passagers n'étaient pas
secoués. Chotima se déplaçait facilement sur les pierres et se
faufilait entre des murets et des bosses de pierres.
Ce n'est pas très varié comme paysage, songea
Sarane qui regarda le ciel et s'écria :
– Le soleil ! Il est rose et il
pâlit encore.
A cet instant, un cri épouvantable retentit qui
dura plusieurs secondes. Aussitôt le chevalier Courageux rentra dans sa
coquille, Olidor dégaina son épée et Sarane serra sa baguette, inutile,
dans sa main.
– Au secours, sauvez-moi !
Un étrange bonhomme venait de surgir d'un gros
tas de rocaille et il agitait les bras.
– Sauvez-moi ! Ils veulent me manger.
Il fit un bond et atterrit sur le Ouplou, dans
les bras de Sarane qui en fut tout étonné. Il y eut beaucoup de bruit
et quatre Loups-Monstres se ruèrent vers eux et les encerclèrent.
Olidor sauta au bas du Ouplou et, armé de son
épée, il se prépara au combat.
Les vilaines bêtes semblaient prêtes à
l'attaque, Sarane était désemparé avec sa baguette qui ne lui servait à
rien, le bonhomme tremblait de peur et s'était caché dans le dos de
l'enchanteur.
Les Loups-Monstres firent quelques pas pour
s'approcher encore. Ils avaient d'affreuses têtes et ils montraient de
longs crocs aigus ; leurs corps étaient couverts de poils noirs très
courts et ils étaient si grands qu'ils dépassaient le Ouplou.
Soudain, on entendit une voix qui disait bien
haut et bien fort :
– Allez-vous en et laissez mes amis tranquilles !
Les loups-Monstres se mirent à reculer. Olidor
et Sarane se retournèrent et découvrirent Courageux, qui était ressorti
de sa coquille et qui criait très fort. Les vilaines bêtes finirent par
se sauver.
– Je n'en crois pas mes yeux, dit Olidor.
– Et le soleil a disparu du ciel, s'écria Sarane. Les bêtes ne
reviendront pas, nous voilà en sécurité.
Tous deux regardèrent Courageux qui semblait
fier de lui. Le bonhomme aussi était surpris.
– Je suis un Miloulicou. J'habite avec mes amis dans la forêt et vous
m'avez sauvé la vie.
– Oh, c'était facile, dit Courageux. Les
loups-Monstres ont une peur terrible des escargots.
– Vous auriez pu nous le dire, dit Olidor. Ces monstres étaient
terrifiants.
– Vous êtes un prince qui ne tremble jamais face au danger. Je suis
fier d'être à vos côtés pour aller sauver une princesse.
Sarane trouva que les choses se terminaient bien
et il proposa au Miloulicou de l'emmener avec eux, sur le Ouplou,
jusqu'à la forêt.
– Cette forêt porte un nom terrible qui nous promet encore bien des
difficultés. C'est la forêt de la Peur.
Le Miloulicou se mit à rire doucement :
– Comme ce nom est amusant, riait-il. Mais ce n'est pas le vrai. C'est
la forêt de la Fleur ! J'y vis avec mes amis et si je me suis retrouvé
face aux Loups-Monstres, c'est parce que j'avais perdu mon chemin. J'ai
hâte de revoir mes amis. Ils seront heureux de vous accueillir.
Toute la petite troupe reprit sa route et,
bientôt, ils entraient dans la forêt de la Fleur.
Sarane, Olidor et Courageux comprirent très vite
que les arbres, aux troncs tordus avec des branches qui
s'étiraient vers le ciel, n'étaient que des arbres de plastique.
Miloulicou eut un joli petit sourire et expliqua
:
– Les arbres empêchent les Loups-Monstres de pénétrer dans notre forêt
et ainsi nous sommes à l'abri. Mais il ne faut pas, comme moi, chercher
à sortir de cette forêt.
Soudain, le Ouplou arriva dans un jardin couvert
de fleurs et des dizaines de personnages, semblables au Miloulicou,
apparurent en poussant des cris de joie.
– Miloulicou est de retour et il est sain et sauf, disaient-ils et ils
s'approchèrent pour le serrer dans leurs bras.
L'enchanteur Sarane, le prince Olidor et le
chevalier Courageux furent accueillis comme des amis car ils avaient
sauvé Miloulicou. Sarane demanda à ce qu'on lui présente tous ces
charmants personnages mais Miloullicou répondit que c'était impossible.
– Et pourquoi ? s'étonna Sarane.
– Parce qu'ils s'appellent tous comme moi : Miloulicou !
– Et moi, m'oublierais-tu ?
Une très jolie jeune fille venait, à l'instant,
de rejoindre les Miloulicous. Quand le prince la vit, il la trouva si
belle qu'il en tomba amoureux sur le champ.
– Je me prénomme Florila et je suis la princesse des Fleurs.
– Je suis Olidor, prince des Neiges. Acceptez-vous de venir vivre dans
mon château sur la Montagne d'argent ?
La princesse rougit et répondit qu'elle
acceptait. Alors tous les Miloulicous applaudirent et ils semblaient
tous si heureux.
– Hé ! Vous oubliez de délivrer ma princesse ! protesta l'escargot.
Sarane fut tout étonné car il pensait que cette
histoire était terminée ; surtout après avoir traversé des lieux si
dangereux.
– Voyons, Courageux, la princesse Florila est enfin libre !
– Mais ce n'est pas la mienne, insista l'escargot. Ma princesse est
toujours enfermée de l'autre côté de la forêt. Je ne peux vivre sans
elle. Adieu mes amis, je pars la sauver.
L'escargot fit mine de s'éloigner mais Olidor
l'attrapa par sa coquille et le posa au creux de sa main.
– Nous sommes devenus tes amis pour toujours, Courageux. Donc, Sarane
et moi serons à tes côtés jusqu'à ce que tu retrouves ta douce amie.
– Nous aussi ! Nous aussi ! crièrent tous les Miloulicous en faisant
des bonds de joie.
– Oui, ils ont raison, nous vous accompagnons, dit la princesse
Florila. Nous avons construit un navire en espérant quitter, un jour,
notre forêt cernée par ces affreux Loups-Monstres. Il va nous servir
pour sauver une princesse. Allons, mes amis, faites-vite !
Sans attendre une seconde de plus, quelques
Miloulicous partirent en courant et ils revinrent à bord d'une longue
barque bleue avec des grandes voiles dorées. Elle volait au-dessus du
sol sans le toucher. Tout le monde embarqua sur le beau bateau. Il leur fallut un peu de temps pour
traverser la grande forêt et en sortir et, enfin, ils se retrouvèrent
au bord d'un lac. Le navire prit alors de l'altitude.
– Notre bateau ne doit pas toucher l'eau à cause des Poissons-Mangeurs,
expliqua le Miloulicou qu'ils avaient sauvé des Loups-Monstres.
– Mais pourquoi ? s'étonna le prince Olidor.
– Parce que les Poissons-Mangeurs adorent dévorer le bois !
Décidément, songea le prince, cet endroit est
tout aussi dangereux que le sable brûlant des Serpents Mortels ou la
rocaille des Loups-Monstres.
La longue barque filait dans les airs. En se
penchant par-dessus bord, Olidor apercevait des poissons avec une tête
très grosse ; ils nageaient très vite dans la mer et semblaient les
suivre.
– Je n'aimerais par voir leur sourire, dit l'escargot qui se tenait sur
l'épaule d'Olidor. Je crois qu'ils ont de grandes dents.
Le lac n'était pas très large et il se termina
au bord d'une étendue de terre orange au milieu de laquelle on
distinguait une haute tour de pierre.
– Nous arrivons, dit l'enchanteur.
Les Miloulicous manoeuvrèrent leur barque qui
vint se poser doucement sur le sol orange et tous quittèrent le navire.
Ils marchèrent jusqu'au pied de la tour et s'arrêtèrent.
Quand ils levèrent la tête, ils réalisèrent que
la tour s'arrêtait sous de gros nuages blancs ou gris. Le chevalier
Courageux poussa un cri de désespoir.
– Jamais je ne pourrai atteindre le sommet et libérer ma princesse.
L'enchanteur Sarane se montra très étonné.
– Qui a bien pu enfermer cette princesse dans cet endroit ?
– C'est Kroba, le corbeau qui l'a attrapée entre ses griffes et l'a
déposée tout là-haut. Il me déteste depuis qu'il sait que la princesse
est amoureuse de moi et non de lui. C'est ainsi qu'il s'est vengé.
Sarane sortit sa baguette magique de sa manche
et, se tournant vers Olidor, il lui dit :
– Courageux a besoin de toi. Es-tu prêt ?
Olidor fit « oui » de la tête et d'un geste,
Sarane le changea en une pie qui s'envola très haut dans le ciel et,
très vite, elle disparut dans un nuage blanc.
– Pourra-t-il la sauver ? s'inquiéta Courageux.
Mais soudain la pie réapparut et elle revint
déposer un escargot aux côtés de Courageux. C'était une princesse
portant une minuscule couronne en or sur la tête. Mais alors que
Courageux poussait un cri de joie, un Miloulicou s'écria
qu'un corbeau tournoyait au-dessus d'eux.
– Croa ! Croa ! croassait le corbeau et il semblait très en colère.
Alors d'un coup de baguette, Sarane fit
apparaître une grande cage et d'un autre coup de baguette, il changea
la pie en un aigle redoutable.
– A toi de jouer, jeune prince !
L'aigle s'envola et, fonçant à vive allure sur
le corbeau, il l'attrapa entre ses serres et revint le jeter dans la
cage. Sarane ferma la porte à clé et rendit sa forme de prince à Olidor.
Enfin, cette aventure semblait bien se terminer.
Courageux faisait les yeux doux à sa princesse tandis qu'Olidor et
Florila se tenaient par la main. L'enchanteur semblait satisfait à
l'idée de regagner le château sur la Montagne d'Argent et de raconter
ces aventures incroyables aux parents d'Olidor.
Seuls, les Miloulicous paraissaient
tristes. Sarane s'en rendit compte et Miloulicou lui expliqua :
– Vous allez vous en aller loin de nous et nous repartirons vivre dans
notre forêt, cernée par les Loups-Monstres. C'est une chose terrible
pour nous.
Olidor et Florila s'avancèrent vers eux.
– Pourquoi ne pas tous repartir vivre au château ? Il est immense, il y
aura de la place pour chacun d'entre vous.
Et c'est ainsi que les choses se déroulèrent.
Ils montèrent sur le navire, firent une courte halte pour qu'Olidor
retrouve son cheval noir qui l'attendait paisiblement, et le navire
termina sa longue route au sommet de la Montagne d'Argent.
C'est là qu'ils vécurent ensemble longtemps et
heureux. Quant à Kroba, il passa le restant de ses jours dans sa grande
cage et ne fit plus jamais de mal à personne.
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