BIENVENUE A ZONARANDE
Quatrième épisode : le Dagua
par Claude Jégo


Les hurlements des sirènes réveillèrent les pilotes de l'unité d'élite ; ce n'était pas un exercice, l'ennemi était en train de déferler sur Zonarande.
Lone sauta en bas de sa couchette et se lança à la suite des autres Zonder, la tête couverte d'un casque et l'arme accrochée à la ceinture. Il y eut un grondement sourd, puis des bruits de tonnerre de plus en plus fort. Une intense vibration secoua soudain la structure.
Un missile vient de nous toucher ! s'étonna Lone qui se demanda pourquoi l'alerte n'avait pas été donnée plus tôt. Que se passait-il avec le Bouclier ?
Lone fut le dernier à atteindre l'aire d'envol et c'est, sans doute, ce qui le sauva. Pulvérisés par une pluie de missiles les murs du dôme s'écroulèrent, par pans entiers, sur les Elam et leurs pilotes au milieu d'un effroyable nuage de poussière. Lone tomba à la renverse, heurtant rudement au passage une grille métallique qui céda sous son poids. Un éclair explosa, la température ambiante grimpa en flèche. Lone éprouva une telle sensation de brûlure qu'il crut que son corps allait s'enflammer. Au milieu de ce brouillard lumineux, il chercha une issue, n'importe laquelle. Ses yeux à ommatidies distinguèrent l'ouverture béante, débarrassée de sa grille et il s'y jeta.
Ce n'était qu'un conduit de ventilation à forte pente, Lone le dévala en se cognant contre les parois. Il ne chercha pas à ralentir sa descente vertigineuse dans la pénombre : les Kronga n'allaient pas en rester là !
Lone n'avait pas eu besoin de voir les Tridèle, ces vaisseaux si particuliers à la pointe effilée, pour connaître le nom des agresseurs de Zonarande. Les Kronga, qui se sentaient depuis toujours à l'étroit sur leur caillou venaient, à l'évidence, de passer à l'attaque.
La dégringolade s'arrêta brusquement laissant Lone désorienté. Cela ressemblait à un embranchement à trois directions, mais comment savoir où elles menaient ? Comme tous les Zonder nés dans l'incubateur douze, Lone n'avait jamais eu accès aux profondeurs du Dôme ; il avait été élevé dans la mégapole puis affecté dans l'unité d'élite.
Il y eut un craquement sinistre. A la surface, les Kronga s'acharnaient.
Lone entrevit une faible lueur à l'extrémité de deux des conduits, pas dans le troisième. C'est celui qu'il choisit sans la moindre hésitation - sa survie dépendait de la distance qu'il mettrait entre lui et le fléau - et sa glissade reprit, et se poursuivit, jusqu'à l'arrêt brutal.

Lone tâtonna dans l'obscurité... c'était un cul-de-sac, il n'irait pas plus loin. Il chercha son arme, sans la trouver - sa ceinture avait été arrachée au cours de sa chute - puis songea à son casque. Il l'enleva et s'en servit pour frapper, à coups répétés, contre la mince paroi rigide. Elle ne tarda pas à se fendre et Lone réussit, en se contorsionnant, à s'extirper du conduit.
Le fracas qui persistait à la surface, lui parvenait de façon très atténuée mais les vibrations que lui transmettait le sol ne laissaient rien présager de bon pour son avenir très proche. Lone eut un soubresaut, signe que l'air commençait à manquer et que ses fonctions vitales étaient déjà affectées.
Il regarda autour de lui et distingua des centaines de témoins lumineux qui ne cessaient de clignoter, créant un vague éclairage qui révélait une pièce assez large. Les connaissances de Lone se résumaient au pilotage de son aéronef mais son instinct lui dicta qu'il n'aurait jamais dû pénétrer dans ce lieu. Toutes ces machines inconnues, si complexes, ne pouvaient être que des inventions des Syrad, les maîtres de Zonarande. Lone sentit la panique l'envahir. Profaner ce temple était sanctionné par la désintégration.
Terrorisé, Lone en oublia les Kronga et l'asphyxie qui le menaçait. Apercevant une raie de lumière au ras du sol - une porte ! - il l'enfonça plus qu'il ne l'ouvrit et s'enfuit sans se retourner. Il devait regagner la surface et rallier la mégapole pour défendre sa planète, et sa propre vie ! Incapable de réfléchir - sinon Lone aurait remarqué qu'il traversait un couloir éclairé et bien ventilé - le Zonder courait, ignorant où il allait aboutir. Ce n'est qu'à la seconde où il franchissait un sas entrouvert que cette question s'imposa à lui. Seul il n'arriverait jamais à quitter ce labyrinthe.
Le lieu dans lequel il venait d'entrer était désert et tout aussi inhabituel, pour lui, que la salle précédente. Seulement des tubes, des flacons remplis de liquides colorés, des microscopes, un spectrographe. Cela ressemblait à un laboratoire mais comment en ressortir ?
Lone chercha une issue quelconque et c'est alors qu'il aperçut, dépassant d'un gros caisson réfrigérant, les plis d'une toge vert sombre reconnaissable entre toutes. Un Syrad !
Le Zonder se rejeta contre la cloison, le corps luisant de cette lueur verdâtre qui amusait tant ces stupides Kronga. Le silence dura... entrecoupé par les grondements provenant de la surface.
A regrets, Lone s'approcha et découvrit un Syrad allongé sur le sol. La peau commençait à s'écailler, ce qui indiquait une mort récente et le flanc gauche portait une tache noirâtre, une blessure qui s'était révélée définitive. Dans quatre ou cinq minutes, il ne subsisterait plus de lui qu'un petit tas d'écailles. Partagé entre la surprise et la peur, Lone s'accroupit et c'est alors qu'il entendit le son d'une horrible voix :
- Nous devons partir, il le faut !

Saisi, le Zonder voulut se relever mais, heurtant un caisson réfrigérant, il perdit l'équilibre et s'étala de tout son long sur le sol.
- Vite, il le faut !

Lone releva la tête et se retrouva, bien malgré lui, face à une " Chose " qu'il reconnut aussitôt : un Dagua ! Il chercha son arme et se rappela qu'il l'avait perdue depuis longtemps. Il se retrouvait désarmé. Que faire s'il devenait agressif ?
Lone éprouvait une profonde aversion pour cette masse gélatineuse et transparente au centre de laquelle une sorte de coeur pulsait avec régularité et dont il connaissait la raison d'être.
- Je sais ce que vous êtes, réussit-il à dire. Ne m'approchez pas !

La Chose demeura immobile et pour cause : elle était incapable de se déplacer par ses propres moyens. Lone l'ignorait.
- Nous devons rejoindre la sphère, les Kronga vont provoquer la destruction totale de la planète.

Cette phrase ramena le Zonder à la réalité.
- Où se sont réfugiés les autres Syrad ? Je dois me porter à leur secours.
- Inutile, ils sont tous morts et ce sera notre tour si vous continuez.
- Comment savez-vous ce qui leur est arrivé ?

Le Dagua indiqua le corps du bout d'un de ses trois doigts :
- Ils se trouvaient dans l'autre aile du Dôme quand la ventilation s'est arrêtée, ils ont été asphyxiés. Pas Leegan. Il s'était rendu au Tétraèdre pour désactiver le Bouclier et il y guettait l'arrivée des Kronga pour les accueillir quand ceux-ci ont commencé le bombardement de Zonarande. Il a alors tenté de remettre le Bouclier en marche mais il était déjà trop tard. Les missiles des Kronga ont touché le dépôt d'armes des Zonder, ce qui a provoqué une gigantesque explosion et des éclats ont traversé l'un des murs du Tétraèdre. Leegan a été mortellement blessé et il a usé ses dernières forces pour parvenir jusqu'à moi.
- Syrad Leegan, c'était lui ? Je vais...
- Assez ! Il faut fuir. Vous me porterez.

Lone eut un mouvement de répulsion qu'il ne put maîtriser.
- Vous préférez mourir ? demanda le Dagua. Alors, réjouissez-vous car votre fin est proche.

Lone était un guerrier, son instinct lui commandait d'aller se battre et, pour cela, il devait quitter ce souterrain.
Malgré sa répugnance, il se pencha vers le Dagua et le toucha d'abord du bout des doigts. C'était indéfinissable, visqueux et froid. Il le souleva enfin.
- Là-bas ! dit le Dagua en désignant le fond du laboratoire.

Lone traversa la pièce pour aller se positionner devant un pupitre.
- Approchez-moi du clavier ! commanda la Chose.

Lone obéit et observa, avec inquiétude, le Dagua qui posait ses mains à trois doigts sur les touches. Durant quelques secondes, le Zonder crut qu'il ne se passait rien, puis le laboratoire se dématérialisa lentement autour de lui tandis qu'il percevait un son de plus en plus aigu. Lone éprouva une affreuse impression de mouvement, ses yeux à ommatidies lui renvoyaient de multiples images de différents lieux simultanément, brouillant ses repères spatiaux. Il se sentit affreusement mal.
J'aurais dû essayer de m'en sortir seul, regretta-t-il.
- Hâtez-vous, il le faut !

Comme si le couinement du Dagua avait stoppé le processus, le tournoiement cessa et les yeux de Lone s'accordèrent, enfin, pour lui montrer une vaste salle avec, en son centre, une grosse sphère en sustentation comme Lone n'en avait jamais vu ; d'un noir étincelant et conçue dans un matériau qui ne laissait apparaître aucun défaut.
- Cet aéronef appartient au Dogonde, s'effraya-t-il. Je n'ai pas le droit de...

Le Dagua s'énerva.
- Il faut partir d'ici sans attendre !

Comme pour confirmer son propos, le sol fut ébranlé par une nouvelle vibration qui, loin de s'arrêter, se mit à augmenter d'intensité. La lumière faiblit fortement et une large fente apparut dans l'une des parois de la salle, puis une autre, et une autre encore.
Lone s'engouffra dans la sphère qui se referma derrière lui. Pendant que le Zonder prenait place dans l'unique siège, le Dagua lui échappa pour se glisser dans un léger renfoncement adapté à sa taille, et un écran s'éclaira.
- Décollage immédiat ! dit la Chose.

L'étrange vaisseau s'enfonça dans un tunnel que Lone ne découvrit qu'au dernier instant. Mû par l'habitude - il était pilote - il empoigna le harnais et le boucla. Il s'ensuivit une forte accélération qui le plaqua sur le siège. Cela fut très bref et, soudain, la bulle jaillit à l'air libre.
Lone le comprit en apercevant Yilo, la lune de Zonarande, par le hublot. Il chercha à voir le dôme et la mégalopole mais ne vit qu'une monstrueuse couronne de fumée incandescente. Elle recouvrait tout, dévorait tout sur son passage.
- Il faut se poser ! cria Lone. Je dois me battre contre l'ennemi pour défendre Zonarande.
- Il n'est plus temps, Zonder. Seul la mort court sur votre sol et elle y règne déjà, toute puissante. Regardez donc ses ravages, si vous ne me croyez pas !

A travers le hublot, Lone put voir une armée de flammes, d'où émergeait de fréquentes explosions, se répandre. La planète se transformait, progressivement, en une boule rougeoyante.
A cet instant, la sphère subit une irrésistible accélération et s'élança en direction de l'espace.
- Que faites-vous ? s'affola Lone. Où m'emmenez-vous ?

Mais la poussée se poursuivit et Lone se sentit écrasé par la pression. Le Dagua posa sa petite patte gluante sur lui et le Zonder sombra dans l'inconscience.

* * *


- Il ne m'entend pas ?
- Non. J'ai ralenti toutes ses fonctions.
- Opérez le transfert de mon âme à l'intérieur de son corps !
- C'est trop tôt, Syrad Leegan. Le Zonder a subi une forte irradiation lors de l'attaque des Kronga, il n'a pas encore entièrement récupéré, ce serait trop risqué pour vous.
- Pourquoi les Kronga ont-ils fait ça ? Ils voulaient la planète, je la leur ai offerte, alors pourquoi la détruire ?
- Je l'ignore, Syrad Leegan. Peut-être voulaient-ils seulement neutraliser vos armes par mesure de sécurité et les choses ont mal tourné. A moins qu'ils n'aient douté de vous ?
- Garde tes réflexions pour toi, Dagua, si tu ne veux pas finir comme Lone !
- Oui, maître.
- Où allons-nous ?
- Sur la planète Terrighis où vous pourrez reprendre le cours d'une vie normale.
- Moi qui croyais régner sur Zonarande ! Avec ces stupides Kronga bien sûr, mais j'aurais été débarrassé de ces encombrants Syrad, toujours en train de contester mes décisions.
- C'est eux qui ont bien failli se débarrasser de vous !
- Je t'ai déjà dit de garder tes réflexions pour toi, Dagua. Ce maudit Sonalande ! J'ignore comment il avait pu deviner ma trahison ?
- Reposez-vous, Leegan ! Je vais réveiller Lone, il a besoin de s'alimenter. Il ne doit pas vous entendre.

* * *

Quand Lone rouvrit les yeux, ils erraient quelque part dans la nuit spatiale.
- Vous avez retrouvé vos fonctions ? demanda le Dagua qui n'attendit pas la réponse : Nous parviendrons à destination dans sept mois, quatre jours, onze heures, vingt-neuf minutes et quatre secondes.
En voyant la Chose, Lone retrouva le souvenir des derniers événements.
- A destination... Mais, où allons-nous ?
- La planète Terrighis, dans la galaxie du Quadrant, répondit le Dagua.
- Pourquoi là-bas ?
- Quelle importance !

Lone jeta un coup d'œil sur l'écran transparent. Il reconnut aussitôt le Boîtier d'Intelligence Artificielle identique à celui qui équipait son Elam.
- Je veux interroger le B.I.A. !
- C'est inutile, dit le Dagua. Il ne pourra fournir aucune réponse à vos questions.
- Je le veux, insista Lone.

Le pilote passa sa main droite devant l'écran afin de permettre à l'Intelligence Artificielle de l'identifier ; comme tout Zonder il possédait une puce électronique injectée sous ses écailles dès sa sortie de l'incubateur.
- Pilote 14-32 demande retour impératif sur Zonarande ! annonça Lone en utilisant son propre code.
"Réponse négative ! répondit la voix synthétique de l'ordinateur. Absence de coordonnées."

Lone marqua une hésitation. Son cerveau ne parvenait pas à interpréter l'information.
- Votre planète n'existe plus, dit le Dagua. La sphère nous guide vers un lieu où vous pourrez vivre en toute sécurité.

Lone se tut. Son regard se mit à parcourir l'intérieur de la sphère - elle n'était pas très spacieuse - pour revenir au Dagua.
- Vous êtes une certaine forme de vie ?
- Oui, Lone, je suis vivant.

Lone vérifia que sa propre peau, épaisse, ne montrait aucune anomalie ce qui signifiait que l'air lui parvenait toujours à travers ses pores.
- Il y a assez d'air pour nous deux ?
- Oui, Lone, la sphère nous permet de survivre.
- Mais j'ai besoin de nourriture et d'hydratation. Pas vous ?
- Non, je m'autorégénère. Mais vous pouvez manger.

Il y eut un déclic et un compartiment coulissa, rempli à ras bord de pastilles.
Lone prit un comprimé jaune et l'avala. Il ressentit une lente montée d'énergie à travers tout son corps puis, subitement, il s'endormit.

* * *


- Etes-vous bien reposé, Syrad Leegan ?
- Oui. Mais quand procéderas-tu enfin au transfert de mon âme, Dagua ?
- Dès que nous serons arrivés à Terrighis, maître. Le Zonder aura récupéré son énergie et son corps offrira toutes les garanties pour recueillir votre cerveau.
Sanglé sur son siège, Lone profitait toujours du sommeil artificiel ; il était inerte, ses yeux à ommatidies éteints.
- Moi, Syrad Leegan, je vais me retrouver dans la peau de ce vulgaire pilote !
- Il est jeune, maître. Il dispose encore d'une dizaine d'unités-vie dont vous pourrez profiter.
- Tu es bien certain que mon cerveau détruira le sien ? Et s'il tentait de résister ?
- Vous vous êtes préparé à ce transfert, pas lui. Tout se déroulera comme prévu.

* * *

Quand Lone se réveilla, il trouva le Dagua toujours à sa place dans le petit renfoncement, devant l'écran transparent du B.I.A.
- D'où venez-vous ? demanda Lone.
- D'un monde lointain. Mon Créateur effectuait un long périple vers Orion quand des Kronga ont intercepté son vaisseau. Ils exigeaient une rançon et mon Créateur leur a proposé trois Dagua.
- Les Kronga sont stupides, dit Lone qui avait été leur prisonnier. Comment ont-ils pu accepter des Dagua à la place de missiles ?
- Mon Créateur peut se montrer très persuasif.
Par le hublot, Lone aperçut une pluie d'étoiles filantes.
- Quand arriverons-nous ? demanda-t-il. Je me sens prisonnier dans cette sphère.
- Dans quatre mois, deux jours, seize heures, quinze secondes. Vous avez besoin de vous alimenter.

Lone avala une pilule et plongea, à nouveau, dans le sommeil.

* * *

Alors que Lone dormait, la voix de Leegan s'éleva dans la sphère.
- Ce Zonder pose trop de questions !
- Mais il ne comprend pas les réponses, Syrad Leegan.
- Peut-être, mais je le trouve quand même trop intelligent pour un simple pilote.
- Je suis une espèce inconnue pour lui, maître. Cela l'intrigue.
- J'ai hâte d'être débarrassé de ce stupide Zonder ! Et je serai satisfait de quitter ton affreux corps de Dagua.
- Oui, maître.

* * *

Lone contemplait, pour la première fois, une planète autre que Zonarande et il la trouvait d'une beauté époustouflante. Au fur et à mesure que la sphère s'en rapprochait, il découvrait des lagons émeraude, des terres rouges, des sables jaunes et des prairies de fleurs.
Une idée traversa soudain son cerveau de Zonder.
- Mes fonctions resteront-elles opérationnelles quand je marcherai sur ce sol ?
- Oui, Lone. Vous vous adapterez sans difficultés à votre nouveau monde.


Enfin, la bulle se posa sur le sol de Terrighis et le sas s'ouvrit. Lone détacha sa ceinture puis, d'un geste vif, il entoura le Dagua, plusieurs fois, avec la sangle, laissant la Chose ligotée sur le siège de pilote.
- Je ne comprends pas, dit le Dagua.
- Tant pis pour toi, la Chose ! Je ne dormais pas assez profondément et j'ai surpris vos vilains arrangements.
- Détachez-moi, Lone ! cria une voix que le Zonder savait reconnaître désormais.
- Syrad Leegan ! Je vous rappelle que la trahison est punie par la Désintégration.
- Voyons Lone, il n'existe pas de désintégrateur sur Terrighis. Détachez le Dagua ! Ceci est un ordre.
- Vous oubliez que vous n'avez plus de Zonder à commander puisque vous les avez tous tués.
- Lone ! Vous n'êtes pas assez intelligent pour survivre sur cette planète, je vous aiderai.
- Non. Vous voulez vous emparer de mon corps et je ne vous laisserai pas faire.

Lone arracha le tiroir rempli de pilule puis il s'adressa à l'ordinateur de bord : Pilote 14-32 ordonne autodestruction. Code 711, dans quarante-cinq secondes !
Lone fila hors de la bulle et courut pour se mettre à l'abri derrière un monticule.
- Lone, revenez ! Dagua, arrête cette machine !
- J'ignore comment, maître - trente-quatre secondes ! - je ne connaissais pas l'existence de ce système et encore moins le code - vingt-sept secondes ! - qui l'annule. Je suggère de rappeler le Zonder - dix-neuf secondes ! - et de conclure un marché avec lui - quinze secondes !
- Un...un marché ?
- Oui - neuf secondes ! - et votre cerveau restera en - une seconde ! - vie...


Lone entendit une forte déflagration et il sortit alors de sa cachette improvisée. Le petit vaisseau, ou ce qu'il en restait, gisait éparpillé sur le sol : juste quelques morceaux calcinés dégageant d'une légère fumée grise.
- Je n'aimais pas être enfermé dans la sphère, gronda Lone en se parlant à haute voix. Et je n'aimais pas du tout le Dagua aux deux cerveaux.

Tournant lentement sur lui-même, Lone détailla le paysage qui s'offrait à lui. C'était étrange. Il n'y avait pas de Dôme, aucune mégapole et, dans le ciel, nul aéronef. Pas, non plus, de Syrad pour lui écraser le cerveau ou désintégrer ses atomes en totalité. S'il avait pu éprouver un sentiment tel que le soulagement, ou même un simple contentement, Lone l'aurait fait, mais un pilote était programmé pour protéger sa planète, quitte à se sacrifier pour elle. Et aussi éliminer les traîtres. Mais cela, Leegan l'avait totalement oublié. Hélas !
Par le hublot, alors que la sphère approchait Terrighis, Lone avait repéré des constructions régulières et de larges sillons qui évoquaient des chemins permettant de se déplacer à l'aide d'un moyen de transport primitif. Une certitude s'était alors imposée à lui : la planète était habitée !
Et sans éprouver la moindre crainte, Lone partit à leur rencontre.

F I N

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