XXI – Prophète de Malheur

par Ehryx

- S'il veut te donner un ordre, moque-le ;
S'il veut te dire qu'il est le chef, frappe-le ;
Mais s'il te prouve qu'il est le chef, obéis-lui
(Précepte Stalker)


Un champ de cadavres sur la route du Prophète. Un champ de cadavres sur sa route à lui, l'agent double, l'agent au libre arbitre, le Fidèle repenti. La scène s'était répétée à Kest tout au long de sa vie ; à présent, Mist avait pris le relais, comme si le mal dont souffrait Slender avait été une maladie contagieuse.
Pas le moment de divaguer, Mist. Je ne souffre d'aucune maladie. Et tiens-toi sur tes gardes, il reste peut-être des Fidèles dans le bâtiment.
La parole de Kest en guise de voix de la raison. On ne saurait faire plus inapproprié.

Rigel riait à gorge déployée. Mist aurait voulu se réjouir de leur victoire ; mais comment se réjouir de la mort d'hommes qu'il aurait pu côtoyer, il y a quelques semaines, quelques jours à peine, quand il était encore un Fidèle fanatique ?
« Dix ! ricana Rigel, dix ! C'est pas un tas de roche à forme humaine qui en ferait autant !
– Tu comptes les miens, imbécile, répondit Ophandre. Il faut vraiment être demeuré pour croire qu'on a tué un homme dont j'ai déjà fracassé le crâne !
– Hey, moi je les esquive, leurs balles, au lieu de les encaisser comme un crétin qui ne sait pas anticiper... »
Le Falun revint faire face à Rigel, se posa à quelques mètres de lui.
Non, c’est pas possible… Ils vont quand même pas reprendre leur duel ? Ils sont marteaux à ce point ? Ca leur fait rien d’avoir envoyé en enfer une trentaine d’hommes et de femmes, ils s’en foutent ?

« Quand vous aurez fini de jouer à qui pisse le plus loin, on pourra peut-être faire notre travail ?
Le Tech et le Falun se retournèrent, surpris, et s’écartèrent pour laisser passer Kyan. La Tech les fusilla du regard, mais continua à marcher en direction du complexe.
– Et tant que vous y êtes, le Falun, l’un de vos amis est blessé.
– Ce n’est pas mon ami. Et il peut se débrouiller tout seul. C’est quoi votre job, au juste ? Sniper les gens de la manière la plus lâche possible ? Je tacherai de ne pas vous tourner le dos…
– Mon travail est d’assurer la sécurité de deux types bons pour l’asile, mais c’est aussi d’en apprendre le plus possible sur les Fidèles. »

Elle continua à marcher d’un pas décidé, sa silhouette bientôt encadrée par le béton de l’entrée, puis elle disparut à leurs regards.
« Y a rien là-dedans, tonna Ophandre. Cette ville est contrôlée par des Faluns depuis des siècles, c'est juste un foutu entrepôt !
– Elle t'écoute pas, le Falun, ricana Rigel. Tu crois vraiment qu'un membre du Terrestre serait assez débile pour se fier au savoir d'un tas de cailloux ?
– Oh, va te faire voir à Darwin, le maniaque de la gâchette... »

L'odeur de la poudre s'accrochait aux narines de Mist, mais elle peinait à masquer l'odeur du sang et de la mort. Il fallait qu'il s'active, pour empêcher son cerveau et son esprit double de se remettre à tourner en rond. Il fit un large crochet pour éviter le colosse Falun, et s'engouffra à la suite de la Tech.

Le couloir de béton courait sur six mètres avant de prendre la perpendiculaire. Pour un bâtiment de l'Ancien monde, c'était une construction fort étrange. Toutes les créations de l'Ancien monde étaient empreintes de génie, ou du moins d'esprit pratique ; leurs ancêtres possédaient, comparés à eux, des ressources et des moyens quasi inépuisables, mais leurs connaissances et leur savoir-faire restaient leur principale richesse.
On aurait dit une sortie de secours ; ou une entrée de service. Pourtant c'était forcément la seule issue, puisque les Fidèles acculés n'avaient eu d'autre choix que de l'emprunter ?

Et s'il restait des Fidèles ? Souffla la voix maligne de Kest. Pendant que Rigel et Ophandre ricanaient comme des gosses au sortir d'une bagarre, personne n'a songé que d’autres Fidèles pourraient être restés derrière, et attendre que vous relâchiez votre attention…

Mist se mit à courir. Au virage, il bouscula Kyan, qui manqua tomber à la renverse. Elle l'observa avec des yeux exorbités, et porta la main à son holster.
« Holà, du calme ! Ce n'est que moi ! J'ai eu peur qu'il reste des Fidèles.
– Des Fidèles ? Marmonna Kyan. Des Fidèles, je m'en serais chargée, mais ça, c'est... »

Elle haussa des épaules, comme si aucun mot n'était en mesure de traduire sa pensée. Puis elle lui désigna la pièce.
Comme Ophandre l'avait suggéré, l'endroit avait les dimensions et l'usage d'un entrepôt. La pièce mesurait une cinquantaine de mètres carré, et exhalait encore les odeurs de sueur et d'angoisse des Fidèles qui l'avaient occupée, pendant ces jours où ils étaient assiégés et tenus en échec par d’invisibles snipers. Quelques caisses de matériel, ouvertes au pied de biche, et des étagères couvertes de bric-à-brac. Les épais murs de béton assuraient une bonne isolation, et permettaient au local de conserver une relative fraîcheur.
Le sable du Tanami Desert s'était infiltré partout, conférant l'illusion qu’on avait repeint en beige chaque recoin de la pièce et de ses murs. Il n'y avait qu'une seule et criante exception à cette uniformité.
Au fond de la pièce, une dalle de béton de deux mètres de côté était posée sur le sol. Ses bords semblaient avoir été découpés au laser. A côté d'elle, à l'emplacement où le béton avait été découpé, une trappe de métal avait été mise au jour, révélant à tous l'inscription :

« Highly Restricted Area – Authorized Staff Only »

La trappe n'était entrouverte que de quelques centimètres. Une barre de fer abandonnée à proximité et à demi recourbée laissait deviner à quelle activité les Fidèles, ou du moins une poignée d'entre eux, s'étaient attelés.
« Sacré nom d'une pierre ! Jura la voix rocailleuse d'Ophandre. Ces foutus Fidèles ont appris à transmuter du béton en métal, ou quoi ? Et le grand secret de leur Prophète à la noix, c'est la pierre philosophale ?
- Il faut vraiment être un Falun pour imaginer pareille sorcellerie, répondit Rigel.
Mist n'avait pas entendu entrer les deux frères ennemis, mais ils ne parvinrent pas à le faire sursauter, ou même à attirer son attention. Cette scène, cette trappe de métal, l'inscription en anglais, mobilisaient toute sa concentration. Il s'aperçut qu'il suait à grosses gouttes, et que son rythme cardiaque s'était emballé, autant que pendant le combat contre les Fidèles. Il ne comprenait rien à la scène, mais elle avait le don de le terrifier.
Tu n'y es pour rien, gémit Kest. C'est moi qui suis en train de trembler. Tu ne peux comprendre. Si seulement j'avais eu le temps de t'expliquer la théorie de l'anti-Darwinisme, alors tu saurais... Cette scène est une vision de cauchemar pour un Slender, et pour tous les Techs impliqués dans les recherches en technologie de l’Ancien monde...
Mais enfin, répliqua Mist, que peux-tu déduire d'une simple plaque de métal, et d'une vague inscription en anglais ? Si je comprends bien, c'est une zone restreinte, réservée au personnel ? Peut-être ce bâtiment n'est-il que le rescapé d'un ancien ensemble médical, ou quelque chose du même genre ?
– Tu peux faire le malin, reprit Ophandre, mais je peux t'assurer que j'ai vu cet entrepôt maintes et maintes fois au cours de ma vie, et qu'il n'y a jamais eu de trappe de métal ici. Ces Fidèles ont eu un bol monstre de tomber sur ce truc, alors que des générations d'habitants étaient passés à côté.
– Je ne crois pas que ce soit un hasard, le corrigea Kyan d'une voix éteinte. Je crois plutôt qu'ils savaient précisément ce qu'ils cherchaient.
– Dans le local où on fout les outils et les matières premières ? Vous êtes bien gentille, la snipeuse, mais il y a à Manners Creek des choses beaucoup plus intére...
– Sauf votre respect, il n'y a rien d'intéressant à Manners Creek, Ophandre. Je suis désolée, mais il n'y a aucune raison pour que les Fidèles consacrent leurs ressources au massacre de votre village.
– Pas plus qu'à les consacrer à la destruction de leurs précédentes cibles. Les Fidèles n'ont besoin d'aucune raison, ma jolie. Ce sont des fanatiques qui vont là où on leur dit d'aller, qui font ce qu'on leur dit de faire, qui tuent ceux qu'on leur dit de tuer.
– A South Key, il y avait un réacteur thermonucléaire, répondit calmement la Tech.
Ophandre roula des yeux effarés.
– Un réacteur de l'Ancien temps, en état de marche. On a supposé que les indigènes s'étaient montrés un peu trop bavards. Des évangélistes du Prophète et de sa nouvelle religion étaient venus faire du prosélytisme. Il nous a semblé évident que des jeunes freluquets du cru avaient écouté d'une oreille un peu trop attentive, et s'étaient laissés aller à des révélations. Quelques semaines plus tard, les Fidèles débarquaient, et ils n'ont pas laissé âme qui vive. La ville a été massacrée et brûlée. Ils n'ont même pas pris la peine de la piller.
– D'accord, mais là, ça n'a aucun rapport. Personne ne connaissait l'existence de cette foutue trappe. S'il y avait quelque chose ici, j'aurais été le premier averti !
– Les jeunes trop bavards, ce n'était qu'une théorie, fit doucement Kyan. Rien de plus qu'une théorie. Et cela n'explique pas les autres villes mises à feu et à sang. Nous ignorons ce que le Prophète y a mis au jour.
– Allez, vous me chantez quoi, là ? Vous voulez me dire que les Fidèles savaient qu'il y avait quelque chose ici ? Comme si leur foutu Dieu imaginaire leur avait soufflé à l'oreille ? »

Le silence de Kyan fut plus cinglant que n'importe quelle réplique. Une Tech, qui plus est de l'élite du Terrestre, ne se serait jamais abaissée à l'idée superstitieuse, magique, qu'un Dieu adoré dans l'Ancien monde ait pu souffler à ses nouveaux fidèles pareils secrets.
Mais il n'y a aucun hasard là-dedans.
Je sais, répondit Mist. Je le sais très bien. Si seulement j'avais fait partie d'une autre section des élites Fidèles, j'aurais pu en apprendre davantage sur ces recherches, sur ces carnages que nous avions pris pour le fruit du hasard et de la folie. J'ai cru bien faire en rejoignant les rangs de leurs tueurs ; je pensais que l'urgence, c'était de savoir qui pourrait s'opposer au Prophète, qui il craignait, puis les rejoindre et les protéger. Tu sais que notre rencontre ne devait que fort peu au hasard, Kest ? Je te cherchais. Je me suis documenté sur toi, des semaines avant de te trouver à Ayers Rock. Je savais que tu étais dans les parages ; j'ignore d'où venait l'information, de traîtres Techs, Stalkers, ou de Fidèles postés à Ayers Rock, mais je savais que tu étais dans le coin. Ca a été un coup de chance de te trouver aussi vite, mais si ce n'était pas arrivé, j'aurais su forcer la chance. Nous étions destinés à nous rencontrer, Kest ! Mais je reste convaincu que tu n'étais pas destiné à mourir. C'est peut-être pour cela que j'ai recréé ta personnalité au sein de mon esprit de Outline. Je n'ai pas accepté que mon infiltration des Fidèles ait pu aboutir à un échec aussi retentissant. Alors j'ai décidé que tu continuerais à vivre. C'était une manière de minimiser cette catastrophe.
– Crois ce que tu veux !
répondit sèchement Kest. Mais je ne crois pas que participer aux expéditions massacres des forces du Prophète t'aurait réussi. Non seulement je pense que participer à leurs exactions t'aurait mortifié à jamais – à supposer que tu résistes à l'envie de te retourner contre eux – mais de plus, je suis persuadé que seul le Prophète sait ce qu'il fait.
Il prononça à voix haute les réflexions de son moi-Kest, car leurs déductions se confondaient à nouveau.
« Je ne crois pas que les Fidèles sachent ce qu'ils recherchent. Leurs fouilles ont déjà dû leur permettre d'accéder à des réacteurs thermonucléaires, des batteries, une chaîne de production de cellules photovoltaïques, que sais-je encore ? Charismatique ou pas, le Prophète devrait avoir ses limites. Je veux dire... Il y a des Stalkers et des Faluns parmi eux, vous comprenez ? 
– 'bsolument pas, lança Rigel »
Pendant qu'il s'était plongé dans le dialogue intérieur entre son moi-Mist et son moi-Kest, Rigel et Ophandre s'étaient placés autour de la trappe pour l'examiner de plus près. Kyan se tourna vers lui en écarquillant les yeux, comme pour l'inciter à poursuivre.
Il essaya de remettre en ordre l'entrelacement chaotique de ses doubles pensées, et reprit la parole.
« Tu as l'air de croire qu'il ne peut rien y avoir de surnaturel là-dedans, que les Fidèles suivent un objectif et un plan mûrement réfléchi. C'est sans doute vrai, mais il y a un hic. Il y a un énorme hic... Comment peut-on imaginer que le Prophète ait assez d'influence pour empêcher l'éclatement le plus total de ses forces ? A lui seul, le réacteur thermonucléaire déterré à South Key aurait suffi à déclencher l'une des plus gigantesques guerres depuis le Cataclysme. Au lieu de quoi, tous les peuples sous ses ordres se comportent comme des moutons, qui restent sagement dans le giron d'un unique homme dont personne ne connaît le nom, ni le visage.
– Ce sont des fanatiques, cracha le Falun. Ils croient suivre un objectif supérieur, qui rabaisse leur vénalité et leur désir de pouvoir au rang de caprices de prépubère. Pas de lutte de clans, car ils se croient au-dessus des clans !
– Mais les religions ont leurs églises, leurs obédiences, leurs conciles, leurs désaccords, leurs schismes ! Les religions majeures de l'Ancien monde étaient toutes divisées en plusieurs groupes, qui se faisaient régulièrement la guerre, se haïssaient se massacraient, comme n'importe quel groupe ! Et là, il n'y a rien ! Ce ne sont que des pions entre les mains d'un unique homme, qu'on ne vienne pas me dire que cela est concevable
– Tu as été l'un d'entre eux, rappela Kyan. Tu devrais être le mieux placé pour expliquer ce mystère. »
Il ne sut que répondre. Voyant qu'il n'avait aucune autre information à leur soumettre, Rigel et Ophandre s'affairèrent de plus belle sur la plaque de métal. Comment leur expliquer que sa mémoire de cette époque n'était que parcellaire ? Leur expliquer que les Outlines détenaient le pouvoir de faire et défaire à volonté des personnalités, les forgeant en fonction de leurs besoins et de la situation ? Comment leur expliquer qu'il avait créé Mist le Fanatique pour se fondre parmi les Fidèles, devenir le plus zélé d'entre eux ? Il y avait dans son esprit des ponts, des liaisons entre ses personnalités, leurs pensées, leurs mémoires, mais ils étaient étroits et périlleux. Il refusait d'emprunter celui qui le liait aux débris de Mist le Fidèle. Ce chemin ne menait qu'à ruines, chaos et folie.
C'est inutile, lui souffla Kest. Nous avons déjà deviné de quoi il relevait. Tu n'as pas à redevenir ce Fidèle que tu avais créé pour approcher le Prophète. Tes souvenirs de cette époque, même s'ils te font l'effet d'un mauvais rêve en train de s'effilocher, suffiront pour confirmer notre théorie.

Ophandre avait ramassé la barre à mine utilisée par les Fidèles, et la glissa dans la mince ouverture de la trappe.
« Y en a d'autres ? Fit Rigel en désignant la barre de fer.
– Si tu crois que ta force de ouistiti peut faire une différence, y en reste sur l'étagère à ma droite. Et toi, le repenti, tu peux joindre tes bras de femmelette aux siens, au cas où ça aurait une chance d'aider »

Mais Mist n'écoutait pas. Il restait debout, les paupières refermées comme agitées par les r.e.m d'un rêve éveillé, ou tel un croyant en pleine transe religieuse.
« Il est bizarre, votre Fidèle repenti. C'est le contrecoup de la rédemption qui lui crame la cervelle ?
- Il est bizarre, confirma Rigel en fouillant avec fracas une étagère pleine de matériel, mais ça, il nous l'avait pas encore fait. Tu m'expliques où tu as vu une barre à mine dans tout ce foutoir ? D'ailleurs, c'est sympa comme rangement ; y a un mode de classement qui m'échappe, ou c'est juste par esprit de contradiction avec l'organisation méthodique de tes colocataires Techs ?
- Rayon du bas, le carton gris, sous les cordages, maugréa Ophandre. Si ton pote ne se réveille pas d'ici trente secondes, je lui en colle une. Je suis à peu près certain qu'il préfèrerait éviter ça. »

Mais il n'eut pas besoin d'en faire plus ; pendant que Rigel ramenait en sifflotant une barre de fer déterrée du fatras d'équipements, Mist rouvrit les yeux. Un sourire empreint de tristesse éclairait son visage.
« Je sais ce qui permet au Prophète d'unifier ses troupes, annonça-t-il. Je n'avais pas compris à l'époque, mais tout me semble clair.
- Alors quoi ? Il a Dieu en ligne directe ?
- Avec Dieu, on pourrait négocier. Le Prophète a un pouvoir d'hypnose. Il peut imposer sa volonté à n'importe qui, de n'importe quel peuple, n'importe quelle personnalité, n'importe quelle force d'âme. »

Oui, et inutile de leur préciser que toi et moi y sommes immunisés, remarqua acidement Kest. C'est déjà assez difficile à avaler comme ça...

Notes de l'auteur
Les derniers chapitres ont été un peu moins riches en références culturelles ou scientifiques, je vais toutefois revenir sur quelques points.

L'énergie est l'un des principaux moteurs des avancées technologiques, et par la même, de l'avancée de notre civilisation. Dans le monde de La route de Darwin, il est logique que la recherche de l'énergie préoccupe une grande partie des habitants. J'avais précisé que le blaster de Kest, cette arme imaginaire, était alimentée à l'énergie solaire. Les cellules photovoltaïques récupèrent l'énergie des rayons solaires, et pour des personnes capables de les utiliser sur divers appareils, elles auraient une valeur inestimable. Ces cellules sont difficiles et chères à produire, mais si on suppose que celles issues de « l'Ancien monde » sont pratiquement indestructibles, alors elles surpassent n'importe quelle autre source d'énergie.
A ce titre, j'aurais dû insister sur les véhicules utilisés par Kest et Kyan, et leur ravitaillement. Il est probable que dans leur monde, les carburants utilisés dans leurs engins (essence, gaz) soient, toutes proportions gardées, entre une dizaine et une centaine de fois plus chers que dans le nôtre.

Les lieux indiqués dans les chapitres 18 et suivants correspondent à des régions réelles de l'Australie : les monts McDonnell sont bien au nord d'Alice Springs, et bien que mes connaissances sur la réalité de cette région soient assez minces, je sais au moins qu'Alice Springs est situé sur un plateau, suffisamment en hauteur pour être tempérée, et permettre, dans notre nouveau monde, d'être habitable, et d'être entourée de fermes et d'élevages. Manners Creek existe également, en plein désert, un peu trop à l'est pour être sur la route directe vers Darwin – mais comme vous le savez, Rigel n'est pas partisan du plus court chemin... On pourrait peut-être trouver, sur place, un ou deux bâtiments de béton assez imposants pour correspondre à celui assiégé par Ophandre et ses sbires. Mais c'est quand même perdu au beau milieu du désert...
Karumba, cité par Mist dans l'épisode 19, est aussi une ville réelle de la côte nord australienne, probablement plus célèbre pour son golf que pour ses plages.

A propos d'Ophandre, son nom a un vague lien avec son apparence Falun : comme vous l'avez vu, son corps est humain, mais semble couvert de pierre... J'ai pensé à l'expression « à pierre fendre », et cela a donné « à pierre Ophandre », ce qui est d'autant plus absurde que cette expression désigne un froid extrême, alors que l'univers australien de la route de Darwin est plutôt dominé par la chaleur !

Pour en revenir aux technologies, le voile d'invisibilité utilisé par les snipers de Manners Creek pour assiéger leur propre ville est loin d'être inconcevable, même pour notre niveau de technologie actuel. Un chercheur japonais un peu zinzin avait créé un vêtement avec les mêmes propriétés, répétant d'un côté l'image captée sur l'autre versant. J'ignore les détails, mais il y avait une véritable impression d'invisibilité. Similaire à ce qu'a pu percevoir Mist, qui a tout de même remarqué assez d'imperfections pour détecter le subterfuge.

Je parle de r.e.m dans ce chapitre. Il s'agit du sigle anglais pour les Mouvements Oculaires Rapides (Rapid Eye Movement), que toute personne normale a dans son sommeil, pendant les phases de sommeil paradoxal – c'est-à-dire pendant un rêve. Dans la scène en question, Mist semblait donc bien « rêver éveillé ».

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