Un champ de cadavres sur la route du Prophète. Un
champ de cadavres sur sa route à
lui, l'agent double, l'agent au libre arbitre, le Fidèle
repenti. La scène
s'était répétée
à Kest tout au long de sa vie ; à
présent, Mist avait pris le
relais, comme si le mal dont souffrait Slender avait
été une maladie
contagieuse.
Pas le moment de divaguer,
Mist. Je ne souffre d'aucune maladie. Et tiens-toi sur
tes gardes, il reste peut-être des Fidèles dans le
bâtiment.
La parole de Kest en guise de voix
de la raison. On ne saurait faire plus inapproprié.
Rigel riait à gorge
déployée. Mist aurait voulu se réjouir
de leur victoire ; mais
comment se réjouir de la mort d'hommes qu'il aurait pu
côtoyer, il y a quelques
semaines, quelques jours à peine, quand il était
encore un Fidèle fanatique ?
« Dix ! ricana Rigel, dix ! C'est pas un tas de
roche à forme humaine qui en ferait
autant !
– Tu comptes les
miens, imbécile, répondit Ophandre. Il faut
vraiment être demeuré pour croire
qu'on a tué un homme dont j'ai déjà
fracassé le crâne !
– Hey, moi je les esquive, leurs balles, au lieu de les
encaisser comme un crétin qui ne sait pas
anticiper... »
Le Falun revint faire face
à Rigel, se posa à quelques mètres de
lui.
Non, c’est pas
possible… Ils vont quand même pas reprendre leur
duel ? Ils sont marteaux à
ce point ? Ca leur fait rien d’avoir
envoyé en enfer une trentaine
d’hommes et de femmes, ils s’en foutent ?
« Quand vous aurez fini de jouer à qui
pisse le plus loin, on pourra peut-être faire notre
travail ?
Le Tech et le Falun se
retournèrent, surpris, et
s’écartèrent pour laisser passer Kyan.
La Tech les
fusilla du regard, mais continua à marcher en direction du
complexe.
– Et tant que vous y êtes, le Falun, l’un
de vos amis est blessé.
– Ce n’est pas mon ami. Et il peut se
débrouiller tout seul.
C’est quoi votre job, au juste ? Sniper les gens de
la manière la plus
lâche possible ? Je tacherai de ne pas vous tourner
le dos…
– Mon travail est d’assurer la
sécurité de deux types
bons pour l’asile, mais c’est aussi d’en
apprendre le plus possible sur les
Fidèles. »
Elle continua à marcher
d’un pas décidé, sa silhouette
bientôt encadrée par le béton de
l’entrée, puis elle disparut à leurs
regards.
« Y a rien là-dedans, tonna Ophandre.
Cette ville est
contrôlée par des Faluns depuis des
siècles, c'est juste un foutu entrepôt !
– Elle t'écoute pas, le Falun, ricana Rigel. Tu
crois
vraiment qu'un membre du Terrestre serait assez débile pour
se fier au savoir d'un tas de cailloux ?
– Oh, va te faire voir à Darwin, le maniaque de la
gâchette... »
L'odeur de la poudre s'accrochait
aux narines de Mist, mais
elle peinait à masquer l'odeur du sang et de la mort. Il
fallait qu'il
s'active, pour empêcher son cerveau et son esprit double de
se remettre à
tourner en rond. Il fit un large crochet pour éviter le
colosse Falun, et
s'engouffra à la suite de la Tech.
Le couloir de béton
courait sur six mètres avant de prendre
la perpendiculaire. Pour un bâtiment de l'Ancien monde,
c'était une
construction fort étrange. Toutes les créations
de l'Ancien monde étaient
empreintes de génie, ou du moins d'esprit
pratique ; leurs ancêtres
possédaient, comparés à eux, des
ressources et des moyens quasi inépuisables,
mais leurs connaissances et leur savoir-faire restaient leur principale
richesse.
On aurait dit une sortie de
secours ; ou une entrée de
service. Pourtant c'était forcément la seule
issue, puisque les Fidèles acculés
n'avaient eu d'autre choix que de l'emprunter ?
Et s'il restait des Fidèles ? Souffla la
voix maligne
de Kest. Pendant que Rigel et Ophandre ricanaient comme des
gosses au sortir
d'une bagarre, personne n'a songé que d’autres
Fidèles pourraient être restés
derrière, et attendre que vous
relâchiez votre attention…
Mist se mit à courir. Au
virage, il bouscula Kyan, qui manqua
tomber à la renverse. Elle l'observa avec des yeux
exorbités, et porta la main à son holster.
« Holà, du calme ! Ce n'est que moi !
J'ai eu peur qu'il reste des Fidèles.
– Des Fidèles ? Marmonna Kyan. Des
Fidèles, je m'en serais chargée, mais
ça, c'est... »
Elle haussa des épaules,
comme si aucun mot n'était en mesure
de traduire sa pensée. Puis elle lui désigna la
pièce.
Comme Ophandre l'avait
suggéré, l'endroit avait les
dimensions et l'usage d'un entrepôt. La pièce
mesurait une cinquantaine de
mètres carré, et exhalait encore les odeurs de
sueur et d'angoisse des Fidèles
qui l'avaient occupée, pendant ces jours où ils
étaient assiégés et tenus en
échec par d’invisibles snipers. Quelques caisses
de matériel, ouvertes au pied
de biche, et des étagères couvertes de
bric-à-brac. Les épais murs de béton
assuraient une bonne isolation, et permettaient au local de conserver
une
relative fraîcheur.
Le sable du Tanami Desert
s'était infiltré partout, conférant
l'illusion qu’on avait repeint en beige chaque recoin de la
pièce et de ses
murs. Il n'y avait qu'une seule et criante exception à cette
uniformité.
Au fond de la pièce, une
dalle de béton de deux mètres de
côté était
posée sur le sol. Ses bords semblaient avoir
été découpés au laser. A
côté
d'elle, à l'emplacement où le béton
avait été découpé, une
trappe de métal
avait été mise au jour,
révélant à tous l'inscription :
« Highly Restricted Area
–
Authorized Staff Only »
La trappe n'était entrouverte que de quelques
centimètres.
Une barre de fer abandonnée à
proximité et à demi recourbée laissait
deviner à
quelle activité les Fidèles, ou du moins une
poignée d'entre eux, s'étaient
attelés.
« Sacré nom d'une pierre ! Jura la voix
rocailleuse
d'Ophandre. Ces foutus Fidèles ont appris à
transmuter du béton en métal, ou
quoi ? Et le grand secret de leur Prophète à la
noix, c'est la pierre philosophale ?
- Il faut vraiment être un Falun pour imaginer pareille
sorcellerie, répondit Rigel.
Mist n'avait pas entendu entrer les
deux frères ennemis, mais
ils ne parvinrent pas à le faire sursauter, ou
même à attirer son attention.
Cette scène, cette trappe de métal, l'inscription
en anglais, mobilisaient
toute sa concentration. Il s'aperçut qu'il suait
à grosses gouttes, et que son
rythme cardiaque s'était emballé, autant que
pendant le combat contre les
Fidèles. Il ne comprenait rien à la
scène, mais elle avait le don de le
terrifier.
Tu n'y es pour rien, gémit Kest. C'est
moi qui suis
en train de trembler. Tu ne peux comprendre. Si seulement j'avais eu le
temps
de t'expliquer la théorie de l'anti-Darwinisme, alors tu
saurais... Cette scène
est une vision de cauchemar pour un Slender, et pour tous les Techs
impliqués
dans les recherches en technologie de l’Ancien monde...
Mais enfin, répliqua Mist, que
peux-tu déduire
d'une simple plaque de métal, et d'une vague inscription en
anglais ? Si je comprends
bien, c'est une zone restreinte, réservée au
personnel ? Peut-être ce bâtiment
n'est-il que le rescapé d'un ancien ensemble
médical, ou quelque chose du même
genre ?
– Tu peux faire le malin, reprit Ophandre, mais je peux
t'assurer que j'ai vu cet entrepôt maintes et maintes fois au
cours de ma vie,
et qu'il n'y a jamais eu de trappe de métal ici. Ces
Fidèles ont eu un bol
monstre de tomber sur ce truc, alors que des
générations d'habitants étaient
passés à côté.
– Je ne crois pas que ce soit un hasard, le corrigea Kyan
d'une voix éteinte. Je crois plutôt qu'ils
savaient précisément ce qu'ils
cherchaient.
– Dans le local où on fout les outils et les
matières
premières ? Vous êtes bien gentille, la snipeuse,
mais il y a à Manners Creek
des choses beaucoup plus intére...
– Sauf votre respect, il n'y a rien
d'intéressant à
Manners Creek, Ophandre. Je suis désolée, mais il
n'y a aucune raison pour que les Fidèles
consacrent leurs ressources au massacre de votre village.
– Pas plus qu'à les consacrer à la
destruction de leurs
précédentes cibles. Les Fidèles n'ont
besoin d'aucune raison, ma jolie. Ce sont
des fanatiques qui vont là où on leur dit
d'aller, qui font ce qu'on leur dit
de faire, qui tuent ceux qu'on leur dit de tuer.
– A South Key, il y avait un réacteur
thermonucléaire, répondit calmement la Tech.
Ophandre roula des yeux
effarés.
– Un réacteur de l'Ancien temps, en
état de marche. On a
supposé que les indigènes s'étaient
montrés un peu trop bavards. Des
évangélistes du Prophète et de sa
nouvelle religion étaient venus faire du
prosélytisme. Il nous a semblé évident
que des jeunes freluquets du cru avaient
écouté d'une oreille un peu trop attentive, et
s'étaient laissés aller à des
révélations. Quelques semaines plus tard, les
Fidèles débarquaient, et ils
n'ont pas laissé âme qui vive. La ville a
été massacrée et
brûlée. Ils n'ont
même pas pris la peine de la piller.
– D'accord, mais là, ça n'a aucun
rapport. Personne ne
connaissait l'existence de cette foutue trappe. S'il y avait quelque
chose ici,
j'aurais été le premier averti !
– Les jeunes trop bavards, ce n'était qu'une
théorie, fit
doucement Kyan. Rien de plus qu'une théorie.
Et cela n'explique pas les
autres villes mises à feu et à sang. Nous
ignorons ce que le Prophète y a mis
au jour.
– Allez, vous me chantez quoi, là ? Vous voulez me
dire que
les Fidèles savaient qu'il y avait
quelque chose ici ? Comme si leur
foutu Dieu imaginaire leur avait soufflé à
l'oreille ? »
Le silence de Kyan fut plus cinglant
que n'importe quelle
réplique. Une Tech, qui plus est de l'élite du
Terrestre, ne se serait jamais
abaissée à l'idée superstitieuse,
magique, qu'un Dieu adoré dans l'Ancien monde
ait pu souffler à ses nouveaux fidèles pareils
secrets.
Mais il n'y a aucun hasard là-dedans.
Je sais, répondit Mist. Je le
sais très bien. Si
seulement j'avais fait partie d'une autre section des élites
Fidèles, j'aurais
pu en apprendre davantage sur ces recherches, sur ces carnages que nous
avions
pris pour le fruit du hasard et de la folie. J'ai cru bien faire en
rejoignant
les rangs de leurs tueurs ; je pensais que l'urgence,
c'était de savoir qui
pourrait s'opposer au Prophète, qui il craignait, puis les
rejoindre et les
protéger. Tu sais que notre rencontre ne devait que fort peu
au hasard, Kest ?
Je te cherchais. Je me suis documenté sur toi, des semaines
avant de te trouver
à Ayers Rock. Je savais que tu étais dans les
parages ; j'ignore d'où venait
l'information, de traîtres Techs, Stalkers, ou de
Fidèles postés à Ayers Rock,
mais je savais que tu étais dans le coin. Ca a
été un coup de chance de te
trouver aussi vite, mais si ce n'était pas
arrivé, j'aurais su forcer la
chance. Nous étions destinés à nous
rencontrer, Kest ! Mais je reste convaincu
que tu n'étais pas destiné à mourir.
C'est peut-être pour cela que j'ai
recréé
ta personnalité au sein de mon esprit de Outline. Je n'ai
pas accepté que mon
infiltration des Fidèles ait pu aboutir à un
échec aussi retentissant. Alors
j'ai décidé que tu continuerais à
vivre. C'était une manière de minimiser cette
catastrophe.
– Crois ce que tu veux ! répondit
sèchement Kest. Mais je ne crois pas que
participer aux
expéditions massacres des forces du Prophète
t'aurait réussi. Non seulement je
pense que participer à leurs exactions t'aurait
mortifié à jamais – à
supposer
que tu résistes à l'envie de te retourner contre
eux – mais de plus, je suis
persuadé que seul le Prophète
sait ce qu'il fait.
Il prononça à
voix haute les réflexions de son moi-Kest, car
leurs déductions se confondaient à nouveau.
« Je ne crois pas que les Fidèles sachent
ce qu'ils
recherchent. Leurs fouilles ont déjà dû
leur permettre d'accéder à des
réacteurs thermonucléaires, des batteries, une
chaîne de production de cellules
photovoltaïques, que sais-je encore ? Charismatique ou pas, le
Prophète devrait
avoir ses limites. Je veux dire... Il y a des Stalkers et des Faluns
parmi eux,
vous comprenez ?
– 'bsolument pas, lança Rigel »
Pendant qu'il s'était
plongé dans le dialogue intérieur entre
son moi-Mist et son moi-Kest, Rigel et Ophandre s'étaient
placés autour de la
trappe pour l'examiner de plus près. Kyan se tourna vers lui
en écarquillant
les yeux, comme pour l'inciter à poursuivre.
Il essaya de remettre en ordre
l'entrelacement chaotique de
ses doubles pensées, et reprit la parole.
« Tu as l'air de croire qu'il ne peut rien y avoir
de
surnaturel là-dedans, que les Fidèles suivent un
objectif et un plan mûrement réfléchi.
C'est sans doute vrai, mais il
y a un hic. Il y a un énorme hic... Comment peut-on imaginer
que le Prophète
ait assez d'influence pour empêcher l'éclatement
le plus total de ses forces ?
A lui seul, le réacteur thermonucléaire
déterré à South Key aurait suffi
à déclencher l'une des plus
gigantesques guerres depuis le Cataclysme. Au lieu de quoi, tous les
peuples
sous ses ordres se comportent comme des moutons, qui restent sagement
dans le
giron d'un unique homme dont personne ne connaît le nom, ni
le visage.
– Ce sont des fanatiques, cracha le Falun. Ils croient suivre
un objectif supérieur, qui rabaisse leur
vénalité et leur désir de pouvoir au
rang de caprices de prépubère. Pas de lutte de
clans, car ils se croient
au-dessus des clans !
– Mais les religions ont leurs églises, leurs
obédiences,
leurs conciles, leurs désaccords, leurs schismes ! Les
religions majeures de
l'Ancien monde étaient toutes divisées en
plusieurs groupes, qui se faisaient
régulièrement la guerre, se haïssaient
se massacraient, comme n'importe quel
groupe ! Et là, il n'y a rien ! Ce ne sont que
des pions entre les mains
d'un unique homme, qu'on ne vienne pas me dire que cela est concevable
– Tu as été l'un d'entre eux, rappela
Kyan. Tu devrais être
le mieux placé pour expliquer ce
mystère. »
Il ne sut que répondre.
Voyant qu'il n'avait aucune autre
information à leur soumettre, Rigel et Ophandre
s'affairèrent de plus belle sur
la plaque de métal. Comment leur expliquer que sa
mémoire de cette époque
n'était que parcellaire ? Leur expliquer que les Outlines
détenaient le pouvoir
de faire et défaire à volonté des
personnalités, les forgeant en fonction de
leurs besoins et de la situation ? Comment leur expliquer qu'il avait
créé Mist
le Fanatique pour se fondre parmi les Fidèles, devenir le
plus zélé d'entre eux
? Il y avait dans son esprit des ponts, des
liaisons entre ses
personnalités, leurs pensées, leurs
mémoires, mais ils étaient étroits et
périlleux. Il refusait d'emprunter celui qui le liait aux
débris de Mist le
Fidèle. Ce chemin ne menait qu'à ruines, chaos et
folie.
C'est inutile, lui souffla Kest. Nous
avons déjà
deviné de quoi il relevait. Tu n'as pas à
redevenir ce Fidèle que tu avais créé
pour approcher le Prophète. Tes souvenirs de cette
époque, même s'ils te font
l'effet d'un mauvais rêve en train de s'effilocher, suffiront
pour confirmer
notre théorie.
Ophandre avait ramassé la
barre à mine utilisée par les
Fidèles, et la glissa dans la mince ouverture de la trappe.
« Y en a d'autres ? Fit Rigel en
désignant la barre de fer.
– Si tu crois que ta force de ouistiti peut faire une
différence, y en reste sur l'étagère
à ma droite. Et toi, le repenti, tu peux
joindre tes bras de femmelette aux siens, au cas où
ça aurait une chance
d'aider »
Mais Mist n'écoutait pas.
Il restait debout, les paupières
refermées comme agitées par les r.e.m d'un
rêve éveillé, ou tel un croyant en
pleine
transe religieuse.
« Il est bizarre, votre Fidèle repenti.
C'est le
contrecoup de la rédemption qui lui crame la cervelle ?
- Il est bizarre, confirma Rigel en fouillant avec fracas une
étagère pleine de matériel, mais
ça, il nous l'avait pas encore fait. Tu
m'expliques où tu as vu une barre à mine dans
tout ce foutoir ? D'ailleurs,
c'est sympa comme rangement ; y a un mode de classement qui
m'échappe, ou
c'est juste par esprit de contradiction avec l'organisation
méthodique de tes
colocataires Techs ?
- Rayon du bas, le carton gris, sous les cordages,
maugréa Ophandre. Si ton pote ne se réveille pas
d'ici trente secondes, je lui
en colle une. Je suis à peu près certain qu'il
préfèrerait éviter
ça. »
Mais il n'eut pas besoin d'en faire
plus ; pendant que Rigel
ramenait en sifflotant une barre de fer déterrée
du fatras d'équipements, Mist
rouvrit les yeux. Un sourire empreint de tristesse éclairait
son visage.
« Je sais ce qui permet au Prophète
d'unifier ses
troupes, annonça-t-il. Je n'avais pas compris à
l'époque, mais tout me semble clair.
- Alors quoi ? Il a Dieu en ligne directe ?
- Avec Dieu, on pourrait négocier. Le Prophète a
un pouvoir
d'hypnose. Il peut imposer sa volonté à n'importe
qui, de n'importe quel
peuple, n'importe quelle personnalité, n'importe quelle
force d'âme. »
Oui, et inutile de leur préciser que toi et moi y
sommes
immunisés, remarqua acidement Kest. C'est
déjà assez difficile à avaler
comme ça...
Notes de l'auteur
Les derniers chapitres ont été un peu moins
riches en références
culturelles ou scientifiques, je vais toutefois revenir sur quelques
points.
L'énergie
est l'un des principaux moteurs des avancées
technologiques, et par la même, de l'avancée de
notre civilisation. Dans le
monde de La route de Darwin, il est logique que la
recherche de
l'énergie préoccupe une grande partie des
habitants. J'avais précisé que le blaster
de Kest, cette arme imaginaire, était alimentée
à l'énergie solaire. Les
cellules photovoltaïques récupèrent
l'énergie des rayons solaires, et pour des
personnes capables de les utiliser sur divers appareils, elles auraient
une
valeur inestimable. Ces cellules sont difficiles et chères
à produire, mais si
on suppose que celles issues de « l'Ancien
monde » sont pratiquement
indestructibles, alors elles surpassent n'importe quelle autre source
d'énergie.
A ce titre, j'aurais dû
insister sur les véhicules utilisés
par Kest et Kyan, et leur ravitaillement. Il est probable que dans leur
monde,
les carburants utilisés dans leurs engins (essence, gaz)
soient, toutes
proportions gardées, entre une dizaine et une centaine de
fois plus chers que
dans le nôtre.
Les lieux
indiqués dans les chapitres 18 et suivants
correspondent à des régions réelles de
l'Australie : les monts McDonnell sont
bien au nord d'Alice Springs, et bien que mes connaissances sur la
réalité de
cette région soient assez minces, je sais au moins qu'Alice
Springs est situé
sur un plateau, suffisamment en hauteur pour être
tempérée, et permettre, dans
notre nouveau monde, d'être habitable, et d'être
entourée de fermes et
d'élevages. Manners Creek existe également, en
plein désert, un peu trop à
l'est pour être sur la route directe vers Darwin –
mais comme vous le savez,
Rigel n'est pas partisan du plus court chemin... On pourrait
peut-être trouver,
sur place, un ou deux bâtiments de béton assez
imposants pour correspondre à
celui assiégé par Ophandre et ses sbires. Mais
c'est quand même perdu au beau
milieu du désert...
Karumba, cité par Mist
dans l'épisode 19, est aussi une ville
réelle de la côte nord australienne, probablement
plus célèbre pour son golf
que pour ses plages.
A propos d'Ophandre,
son nom a un vague lien avec son
apparence Falun : comme vous l'avez vu, son corps est humain, mais
semble
couvert de pierre... J'ai pensé à l'expression
« à pierre fendre »,
et cela a donné « à pierre
Ophandre », ce qui est d'autant plus
absurde que cette expression désigne un froid
extrême, alors que l'univers
australien de la route de Darwin est
plutôt dominé par la chaleur !
Pour en revenir aux technologies, le
voile d'invisibilité
utilisé par les snipers de Manners Creek pour
assiéger leur propre ville est
loin d'être inconcevable, même pour notre niveau de
technologie actuel. Un
chercheur japonais un peu zinzin avait créé un
vêtement avec les mêmes
propriétés,
répétant d'un côté l'image
captée sur l'autre versant. J'ignore les détails,
mais il y avait une véritable impression
d'invisibilité. Similaire à ce
qu'a pu percevoir Mist, qui a tout de même
remarqué assez d'imperfections pour
détecter le subterfuge.
Je parle de r.e.m
dans ce chapitre. Il s'agit du sigle
anglais pour les Mouvements Oculaires Rapides (Rapid Eye
Movement), que
toute personne normale a dans son sommeil, pendant les phases de
sommeil
paradoxal – c'est-à-dire pendant un
rêve. Dans la scène en question, Mist
semblait donc bien « rêver
éveillé ».