XI - Alice Springs

par Ehryx

- - L'impossible tu ne tenteras pas
(Précepte des Stalkers)


Mist haussa les épaules. Il avait dit tout ce qu'il savait. Kest finirait par comprendre pourquoi le Prophète le prenait pour cible, il avait seulement des difficultés à l'accepter. Question de perspective.
Mist avait longtemps repoussé l'heure de quitter le troupeau des fidèles. Il craignait pour sa vie, bien sûr ; mais le discours de cet homme étrange, et si charismatique, n'avait-il pas aussi fini par le séduire ? Cette fusillade l'avait cloué de force à la réalité ; une piqûre de rappel lui réinjectant une haute dose de lucidité. Le Prophète n'était nullement l'être pacifique, ni le rassembleur d'hommes, qu'il prétendait incarner. Il était un malade calculateur, qui ne voyait les habitants du nouveau monde que comme des pions sacrifiables disposés sur un immense échiquier.
Seule cette vérité comptait.

En reconnaissant le visage de Kest, il avait réagi d'instinct, s'était abstrait de toute réflexion sur la situation. Il continuait à penser que cette rencontre ne pouvait que lui profiter... Du moins à long terme, car la menace immédiate des fidèles pesait sur leurs têtes. Le Prophète devait déjà l'avoir rajouté à la liste des ennemis du peuple élu, les personnes à abattre. Si les Fidèles les localisaient, ou parvenaient à les pister, ils feraient d'eux leur cible numéro un.
Et on risque quoi, au fond ? Qu'ils viennent donc ; je les éliminerai un par un.
- Pourquoi les fidèles se sont-ils mis à raser des villes entières ? interrogea Kest après plusieurs longues et silencieuses minutes de route.
- Ils s'équipent ! s'exclama l'ex-fidèle. Ils ont pris des vivres, des véhicules, des moteurs, des générateurs. Le plus important se trouvait à South Key : un authentique générateur nucléaire, conservé pratiquement intact depuis l'ancien temps. Une source d'énergie intarissable pour peu qu'on sache l'entretenir. Ils ont réuni presque tout ce qui leur est nécessaire pour entreprendre le voyage jusqu'à la terre Promise.
- Déjà ? Mais... Si ce voyage est imminent, pourquoi continuent-ils à vouloir rassembler les peuples ? Que leur importe le sort de l'Australie, s'ils ont l'intention de la quitter ?
- Question de philosophie, Kest. Simple question de philosophie.
Voyant passer un panneau indicateur à demi effacé, vestige de l'ancien temps, le Outline remarqua :
- Nous arrivons à Alice Springs. Je compte sur vous pour m'annoncer comme un Tech. Nul ne doit savoir que je suis Outline, on me refuserait l'entrée de la ville. Avec des fidèles à nos trousses, il faut impérativement que je puisse m'y cacher. Les fidèles eux-mêmes n'oseront pas s'introduire dans la ville. Les défenses des Techs leur font peur.

La situation paraissait l'amuser.

Il avait usé de tous ses pouvoirs pour modifier sa morphologie : des yeux noirs de Tech, une chevelure foncée, un teint cuivré. Il chaussa des lunettes de soleil pour parfaire son déguisement. L'usage de son exceptionnelle agilité parachevait la métamorphose en Tech : plus rien ne pouvait trahir sa vraie nature. Kest se demanda furtivement si tous ceux de son "peuple" détenaient pareils pouvoirs de mimétisme.
Il existait cependant une faille dans sa couverture : le moindre manquement aux préceptes des Techs et c'en serait fini de lui. Un homme habitué à vivre sans précepte saurait-il faire illusion ?
Kest en doutait.

Alice Springs avait pris au fil des générations les allures d'une forteresse, aux dimensions d'une ville. Les Techs avaient longtemps bataillé pour la conquérir, à une époque où ils craignaient encore d'être éradiqués de la surface de l'Australie ; pour la première fois ils s'étaient rassemblés, s'étaient trouvé des meneurs, avaient appris à se battre, et ils avaient chassé d'Alice Springs ses anciens occupants. L'éclatante victoire par laquelle s'étaient soldées leurs attaques avait assis leur réputation sur la moitié centrale du continent. Il n'y eut pas jusqu'au plus téméraire des chefs de clan Stalker qui ne considérât la ville comme inexpugnable.

A Sydney, autre repaire de leur engeance conquis bien après Alice Springs, la technologie de pointe renaissait de ses cendres ; le sanctuaire des Techs n'atteignait pas le même degré de développement, mais s'était trouvé des bâtisseurs, des agriculteurs, des éleveurs, des dirigeants, des défenseurs : ils avaient cessé d'aller et venir à travers le continent comme des mercenaires sans unité. Ils s'étaient organisés sans l'aide des autres peuples. Comme pour prouver qu'eux seuls pouvaient se passer du concours de leurs congénères. Ne s'en étaient-ils pas passé pendant des millénaires - dans l'ancien temps ? Si vraiment ils étaient les héritiers des humains de l'ancien monde...
Des murailles de béton avaient été érigées sur toute la périphérie de la ville avec, à leurs sommets, serpentant à cinq mètres de hauteur, des courtines le long desquelles des rondes surveillaient les alentours, des jumelles dans une main, une radio ouverte dans l'autre, un fusil d'assaut porté en bandoulière. Le sanctuaire des Techs... Le fort Alamo des temps nouveaux !

La muraille entourant Alice Springs se profilait à peine à l'horizon qu'une patrouille vint à leur rencontre. Deux miliciens à moto, engoncés dans des armures pare-balles, fusils thermiques à la main. Ils leur firent signe de s'arrêter, et Kest obtempéra. L'un des motards se plaça à sa hauteur, et malgré le pare-brise pulvérisé, attendit que la fenêtre descende, son arme pointée vers l'habitacle.
L'émotion du patrouilleur, lorsqu'il reconnut Kest, fut perceptible.
"Je... Nous, nous allons vous escorter, monsieur Slenders, bafouilla-t-il."

Kest hocha la tête, et redémarra le moteur pendant que le milicien crachait quelques ordres dans son communicateur
Pourquoi diable me recevrait-on comme un VIP ?

Grandes ouvertes, les portes sud de la ville les accueillirent - on ne les refermait qu'à la tombée de la nuit. Ils les franchirent encadrés par les deux miliciens, sous le regard flegmatique de quelques Techs.
Un officier descendait de la courtine, armé d'une radio multi-fréquences, une unique étoile sur le revers de son uniforme le distinguant de ses subordonnés. Il s'avança vers la Lamborghini, en essayant sans trop de succès de se composer une figure souriante.
"Vous êtes Kest Slenders ? lança-t-il.
- En personne, répondit Kest. Et j'aimerais beaucoup savoir pourquoi ma venue à Alice Springs semble attendue. Quand bien même j'aurais averti de mon arrivée, je ne suis rien ici, je ne suis jamais resté à Alice Springs plus d'une semaine. Tout le monde sait que mon père est opposé à toutes vos conceptions et qu'il est persona non grata au consulat. Alors qu'est-ce que vous me voulez ?

L'officier se contentait de suivre ses directives, et le lui fit comprendre.
- Ordres des consuls, ils vous en expliqueront mieux que moi les raisons. Deux de mes gardes assureront votre protection jusqu'à l'enceinte du consulat, jusqu'à ce que votre... Garde rapprochée arrive à Alice Springs.
- Assurer ma protection ? Ici ?

L'homme ignora sa question. Kest était sidéré. Au cœur du sanctuaire des Techs, la forteresse la mieux protégée du nouveau monde, on venait encore lui assigner une garde personnelle ? Quel sens avait donc cette agitation ? Devait-il flairer un lien avec les fidèles ? Les consuls le savaient-ils pris pour cible par le Prophète, craignaient-ils que des traîtres à la solde de cet illuminé ne se soient infiltrés dans leurs rangs ?
- Un instant ! rugit-t-il, alors que l'officier tournait les talons. Par "garde rapprochée", vous vouliez parler de Kyan ?
- Vous aviez déjà été averti ? Elle est introuvable, pourtant elle aurait dû arriver à temps pour vous accueillir...
- Je suis là, colonel Taran, répondit une voix fatiguée depuis l'arrière du véhicule.

Taran se rapprocha, surpris.
- Que vous arrive-t-il ? Vous êtes blessée ?
- Ce n'est rien, une légère commotion... Ne vous souciez pas de cela. Et oubliez les deux gardes assignés à Kest, ma présence suffira...
- Hors de question, coupa-t-il d'un ton péremptoire. Vous partez à l'infirmerie, et entamerez votre mission quand Slenders quittera Alice Springs, comme prévu."


Kyan voulut remarquer que sa mission avait déjà commencé, mais il aboya quelques ordres sur sa radio, et deux infirmiers surgirent dans la minute. Ils eurent des regards respectueux pour Kest - presque apeurés - puis encadrèrent Kyan, et l'escortèrent quelques rues plus loin, avant de bifurquer dans un chemin adjacent. Avant de quitter son champ de vision, ils eurent un dernier coup d'œil pour Kest, où se lisait à présent la méfiance, voire l'hostilité. Sans doute croyaient-ils qu'à cette distance, il ne pourrait distinguer les expressions de leurs visages. Ils se trompaient : comme ses réflexes et sa mémoire, il possédait des sens hors normes.

Endormie à son entrée dans la ville-sanctuaire, sa vigilance se réveilla brutalement. L'impression de sécurité ressentie à la vue des murailles et des gardes fut reléguée au rang de souvenir.
Encadré par ses deux nouveaux gardes juchés sur leurs motos, il conduisit la Lamborghini en direction du centre-ville, jusqu'au bâtiment du consulat.
Autant en finir dès maintenant. Il trouverait les vieilles barbes, il écouterait ce qu'ils avaient à lui raconter, s'engueulerait probablement avec eux - comme son père l'avait fait avant lui, à d'innombrables reprises - puis reprendrait la route de Darwin. Rien de plus simple. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre, de ce que le Prophète pouvait bien accomplir ? Ils en seraient bientôt débarassés, il rejoindrait le continent avec la cohorte de tarés à sa solde et on les oublierait, comme on avait oublié tous les groupes ayant semé la terreur dans l'Australie centrale.

"Tu m'as l'air troublé, Kest.

Il avait presque oublié la présence de Mist, le Outline. Personne ne lui avait prêté attention ; le colonel l'avait traité avec indifférence, comme s'il n'était qu'un suivant sans intérêt de Kest.
- Rien qui te regarde.
- En ce cas, il ne fallait pas me laisser rentrer. Il semble que tu t'apprêtes à rencontrer le consulat en chair et en os... Sans avoir ne serait-ce qu'à réclamer audience, juste en te présentant à leur porte. Un accueil à la hauteur d'une sommité !
- Ne te berce pas d'illusion à ce sujet. Je ne considère pas cela comme un honneur. Surtout si c'est pour m'entendre dire qu'il serait bon de surveiller mon père, de les aider à le rallier à leur cause, etc, etc. Le pauvre Kest Slenders ne les intéresse guère. C'est mon père, ses connaissances, et ses théories, qui les intéressent.
- Théories ? Quel genre de théorie ?
- Ce qu'il appelle l'anti-darwinisme... Mon père se fondait sur des conceptions issues des temps anciens, c'est pourquoi seuls des hommes extrêmement cultivés, tels les consuls, mesurent la portée de ses idées.
- Pas toi ?
- Si, bien sûr. Mais j'ai grandi avec les théories de mon père. Elles n'ont rien de révolutionnaire pour moi. Il n'avait fait que mettre des mots sur ce qui... Ce qui n'allait pas dans le monde nouveau.
- Cette entrevue serait donc sans rapport avec le Prophète ? Ils me semblaient fort pressés par la question de ta sécurité.
- Je l'ai envisagé une seconde, mais ça ne colle pas. Kyan m'a été envoyée il y a plusieurs semaines, or elle ignorait que les Fidèles me prenaient pour cible. Les consuls souhaitaient déjà me voir quand ils l'ont envoyée après moi..."


La ville n'était pas surpeuplée comme les anciennes métropoles du sud-est ; de nombreux véhicules et nombre de Techs y circulaient, mais la sensation d'étouffement parfois ressentie à Adelaïde et Melbourne - les deux villes les plus densément peuplées d'Australie - ne l'étreignait jamais à Alice Springs. La ville avait surtout été conçue à la perfection ; pensée pour que des milliers d'hommes et de femmes y cohabitent en éprouvant un minimum de stress.
Certaines personnes le reconnaissaient à son passage, surtout celles arborant les tenues de la milice ou plus rare, du Terrestre - il semblait imposer un certain respect à ces derniers. Pourtant, quelque chose d'autre se lisait, une aura de méfiance, de méfiance à l'état brut, se dégageait de la masse des passants. Impossible que tous connaissent de visage le fameux leader du désastre de Brisbane...
A moins...
A moins qu'on n'ait fait circuler son portrait ? Ou pire, une photographie prise à son insu. Peut-être était-il, en son absence, devenue une triste célébrité entre les murs d'Alice Springs ? Cela pourrait-il être la vraie raison de l'intérêt porté par la milice et le consulat ? La raison pour laquelle une protection lui était devenue nécessaire ?
L'espace de quelques instants, il se morigéna, tenta de se convaincre qu'il subissait les contrecoups de l'anxiété, de la terreur éprouvée devant le carnage de South Key, la tuerie des Fidèles, et les révélations de Mist ; un contrecoup prenant la forme d'une crise aigüe de paranoïa.

Mais il l'avait déjà noté par le passé : il ne se sentait pas en sécurité dans ces rues. Il s'y sentait dans la peau d'un étranger. Le même rejet qu'avait ressenti son père pour le "sanctuaire des Techs". C'était comme si au coin d'un miroir la face cachée de la ville, négative, repoussante, lui avait été révélée. Le masque de la réalité se soulevait pour lui montrer le cœur d'une cité qui ne s'était pas élevée sur le bonheur et la joie de vivre, mais sur les ruines d'une guerre après laquelle les Techs n'avaient jamais cessé de culpabiliser, et depuis laquelle ils redoutaient une contre-attaque.
Comme si Alice Springs vivait dans un perpétuel état de siège.

"Je crois savoir ce que vous pensez, murmura le Outline. Vous vous demandez si cette ville est bien l'utopie dont les Techs rêvaient... Ou juste son contraire ? Veulent-ils vivre ainsi, entourés par les miradors qui surveillent le désert, sans contact avec les autres peuples, menés par des vieillards inflexibles, intransigeants, dictatoriaux... Ou se rassemblent-ils ici par peur du dehors ? Quel plaisir peut-on éprouver à vivre cette vie morne, enfermé à Alice Springs sans même la volonté de voir au-delà des murailles qui l'entourent ?
- Je te trouve un peu dur, ils ne sont pas cloîtrés à vie...
- Ah ouais ? le coupa Mist. Ne te cite pas en exemple - tu n'es pas l'un d'entre eux. Tu prends leur défense, mais au fond de toi, qu'est-ce que tu penses ? Cette ville est un non-sens, une anomalie. Je ne prétends pas que vivre à l'extérieur soit gai. Les Techs sont méprisés dans les deux tiers de l'Australie. Les villes aux mains d'autres peuples ne sont guère plus accueillantes qu'Alice Springs... Mais pour toi et moi, habitués à survivre par-delà l'hostilité et la xénophobie, nous ne pouvons pas accepter qu'Alice Springs soit la réponse, la solution aux problèmes du nouveau monde.

Tu sais ce que je ressens ici ? Je me sens oppressé, comme si j'étais un étranger, ostracisé, regardé avec méfiance, comme un danger ambulante. Et pourtant . Et pourtant comment sauraient-ils me distinguer des leurs ? De par mon apparence, mon visage, ma tenue, mon allure, je devrais passer pour l'un d'entre eux...
- Es-tu vraiment un Outline ? Tu parles comme un Tech.

Mist se renfrogna.
- Je suis bien Outline, assura-t-il, mais j'ai passé la majeure partie de ma vie sous les traits d'un Tech, en assumant le comportement d'un Tech. Et ce n'était pas une question de déguisement ; j'aurais pu me faire passer pour un Sympathique, un Albi ou un Archie. Mes capacités morphologiques sont concentrées sur mon visage, mais elles m'auraient permis de mener une vie paisible dans n'importe quelle cité.
-Pourquoi donc endosser l'apparence d'un Tech ?
- Alors que les Techs sont les parias de l'Australie ? Parce que leur mode de vie est le seul que je supporte. Pas celui des Techs d'Alice Springs, mais celui des solitaires dans ton genre, les mercenaires des temps nouveaux, ceux qui n'ont pas peur de vivre. On vous reproche d'être les descendants directs des hommes de l'ancien temps. Les autres Peuples vont jusqu'à se prétendre destinés à vous supplanter, ils croient que l'extinction est votre seul avenir...
Pourtant, si j'en crois mes connaissances, ils se méprennent sur la nature de l'ancien monde. Nos ancêtres se regroupaient par ethnies, par peuples, par villes, ils se méfiaient les uns des autres, se faisaient la guerre pour obtenir les terres, l'argent, le pouvoir, ou à l'apogée de leur civilisation, pour des questions de religions et de règles. Voilà tout ce qui, à grande échelle, a détruit l'ancien monde. Ca ne te rappelle rien ? Mais tu sais déjà tout ça Kest, pas vrai ?
Quant à la manière dont la technologie ancienne est reniée, sous prétexte qu'elle aurait causé la mort de l'ancien monde, elle est grotesque. Même une fourchette peut être une arme mortelle. Tout dépend comment on s'en sert...


En vérité, je crois que seuls les Techs sont réellement adaptés à ce monde nouveau. Ceux dans ton genre - ou dans le mien - qui passent leur vie à voyager à travers l'Australie, qui cherchent à devenir meilleurs, et pas à tuer tout ce qui leur déplaît, entrave leur route, ou n'est pas d'accord avec eux. Autre indice d'évolution, les Techs ne s'entre-tuent pas. Ils peuvent se détester, ou plus souvent, se méfier les uns des autres, mais jamais donner la mort à un autre Tech. Alors que pour les autres peuples, les vendettas mortelles, les crimes de sang, les guerres intestines, sont le pain quotidien.
- Un indice d'évolution, dis-tu ?
- Je le pense.
- Ou un effet de la culture. Si vraiment nous héritons des Humains de l'ancien temps, alors leur culture a dû se transmettre, comme leurs gènes. Les religions de l'ancien temps, dans leurs formes d'origine, professaient le pacifisme, enjoignaient à ne pas tuer, enseignaient la tolérance. Une vision utopiste qui n'a pas su prévaloir - sinon, comment expliquer la destruction de l'ancien monde - mais je me plais à croire qu'il en est resté quelque chose.
- Comme si les Techs étaient plus expérimentés, et avaient dépassé certaines erreurs à force d'expérience... Des erreurs dans lesquelles s'entêtent les autres peuples ?
- C'est mon idée. C'est aussi ce que suggérait mon père. Bien sûr, ce n'était qu'une poignée de ses réflexions, parmi tant d'autres. Et cela n'a rien à voir avec sa théorie.
- Les Fidèles vont mettre fin à tout ça, prophétisa Mist. Ils vont apprendre aux Techs à se méfier d'eux-mêmes. Les Fidèles croient être l'avenir mais ils pourraient bien nous ramener mille ans en arrière."


Kest grimaça, puis de la tête, fit signe à Mist de regarder devant eux. Le palais du consulat les toisait. Un édifice resurgi de l'ancien temps, haut d'une vingtaine d'étages, avec lequel les meilleurs bâtisseurs Archies n'auraient jamais pu rivaliser. L'architecture, comme tant d'autres sciences, se perdait. A ce titre, le Consulat représentait plus que le centre administratif d'Alice Springs, il symbolisait l'héritage d'une civilisation perdue - sans doute à jamais.
"Finissons-en, tonna Kest. Je vais écouter ce que les vieilles barbes ont à me dire. Puis je quitterai Alice Springs. Mist, tu restes ici. Si quelqu'un découvre que tu n'es pas un Tech, au cœur du Consulat, tu ne t'en sortiras pas vivant."

Sur ce, il claqua sa portière, et s'avança d'un pas décidé vers le bâtiment, à la rencontre des Consuls.

A suivre...

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