LES ENFANTS DU JOLI BOIS

                          par Claude Jégo

Le soleil se levait doucement sur le Joli Bois. Dans toutes les maisons les enfants se préparaient à partir à l'école. Zoé l'abeille quittait sa ruche, Didou le papillon s'envolait loin de ses fleurs, Ted le scarabée sortait du vieux tronc d'arbre creux où il vivait avec sa famille et Eko le cafard s'éloignait du seau en plastique abandonné dans l'herbe dans lequel il habitait avec ses parents.
Tous les quatre étaient devenus de vrais amis après s'être rencontrés à l'école et depuis ils ne se séparaient que le soir quand ils allaient se coucher dans leur lit, chacun dans leur maison.
Ce matin-là, Zoé, Didou, Ted et Eko étaient sagement installés à l'ombre d'un pin parasol et ils écoutaient madame l'Oie qui leur donnait un cours de géographie. Elle leur parlait du bois où ils vivaient tous ensemble.
– Nous habitons dans le Joli Bois mais il existe des bois beaucoup plus grands que le nôtre où vivent des animaux ENORMES ! Ils sont tellement gros qu'ils ne peuvent pas voler.
– Ils ne peuvent pas voler ? répétèrent Zoé l'abeille et Didou le papillon. Comme ces animaux doivent être malheureux de toujours rester les pieds posés sur la terre.
Ted le scarabée et Eko le cafard protestèrent.
– Nous ne volons jamais et nous sommes très heureux ainsi.
Madame l'Oie leur raconta qu'il existait des mers et des océans qui étaient mille fois plus étendus que l'étang du Joli Bois.
– Comment peut-on parvenir à distinguer les poissons dans ces étangs immenses ? interrogea Ted le scarabée.
– On n'arriverait pas à voir notre ami, Flop le poisson, dans ces drôles d'océans, dit Eko le cafard.
Mais le cours de géographie était fini. Madame l'Oie dit « au revoir » aux enfants et elle s'envola dans le ciel bleu.
C'est alors qu'arriva madame la Coccinelle pour donner une leçon de calcul.
– Bonjour les enfants ! Aujourd'hui, nous allons faire des additions. Vous allez compter les points noirs qui décorent mon dos et me dire combien il y en a ?
Les enfants se mirent à compter et, très vite, Zoé l'abeille leva le doigt :
– J'ai trouvé, madame ! Il y a six points sur votre dos.
– Bravo, Zoé, c'est une bonne réponse. Et maintenant nous allons réaliser une opération un peu plus difficile. Je vous présente ma cousine Chiwi.
Une petite coccinelle vint se poser près des enfants et madame la Coccinelle leur expliqua qu'ils devaient dire combien Chiwi avait de points noirs sur son dos et les ajouter aux six points comptés sur son dos à elle.
C'est Didou le papillon qui réussit le donner le résultat le premier.
– Il y a six point sur votre dos, madame, et quatre sur celui de votre cousine. Au total, il y a dix points noirs.
La journée d'école était terminée. Les enfants s'en allèrent pour rentrer chez eux et ils marchaient tous ensemble sur le petit sentier.
– Demain, madame la Pie viendra nous dire de jolies phrases pour qu'on apprenne à bien parler, dit Zoé à ses amis.
– Et l'après-midi, c'est la chenille qui viendra nous montrer comment elle dessine un carré ou un cercle dans une feuille de chêne en la mangeant, raconta à son tour Ted le scarabée.
– On va beaucoup s'amuser, s'exclama Eko le cafard.
– Oui, tu as raison, dit Didou le papillon. Nous avons beaucoup de chance de vivre dans le Joli Bois.

Les enfants décidèrent de faire un détour jusqu'à l'étang pour aller saluer leur ami, Flop le poisson. Celui-ci sortit la tête de l'eau pour leur parler.
– Bonjour ! dit Flop en les voyant. C'est gentil à vous d'être venus me voir. Regardez ! Vous avez un nouvel ami qui s'appelle Rafi.
Les enfants s'approchèrent d'un jeune escargot qui parut intimidé de les voir.
– Bonjour, Rafi ! Nous sommes Zoé, Didou, Ted et Eko. Et toi, d'où viens-tu ?
– Je viens de l'autre côté de l'océan. C'est un bateau qui nous a amenés ici, moi et ma mère.
– Rafi connaît des histoires extraordinaires, cria Flop le poisson aux enfants. Ecoutez-le raconter ce qui lui est arrivé. Vas-y, Rafi, nous t'écoutons.
Et le petit escargot parla de l'océan qui était si grand que, parfois pendant des jours, on n'apercevait que de l'eau et jamais de terre.
– Madame l'Oie nous a dit la même chose à l'école, dirent les enfants qui n'arrivaient pas à imaginer qu'un endroit pareil puisse exister.
– Certains jours, dit Rafi, on pouvait voir un animal qui flottait sur l'eau. Il ressemblait à Flop mais il était si grand et si gros qu'il aurait rempli cet étang.
– Oh là là, firent les enfants en ouvrant de grands yeux étonnés.
Ils regardèrent Flop, leur ami poisson, et tentèrent de l'imaginer aussi grand que l'étang mais sans y parvenir. Mais Zoé l'abeille voulait savoir ce que signifiait le mot « bateau ».
Rafi lui expliqua :
– C'est un peu comme un gigantesque nénuphar qui peut nous transporter sur la mer.
– C'est incroyable, dit Ted le scarabée. Ecoutez les amis ! Il faut que Rafi vienne à l'école avec nous demain.
Les enfants suivirent Rafi qui les guida jusqu'à sa petite maison. La maman de Rafi offrit des baies rouges aux enfants qui se régalèrent. Rafi demanda à sa mère s'il pourrait aller à l'école avec ses nouveaux amis le lendemain et elle fut d'accord.

Le lendemain matin, Ted, Didou, Zoé et Eko quittèrent leurs maisons et firent un détour pour aller chercher Rafi et l'emmener avec eux à l'école. Ils étaient en chemin quand ils se retrouvèrent face à un animal qu'ils n'avaient jamais rencontré dans le Joli Bois.
Son corps était long comme le corps de Didou le papillon mais ses ailes n'étaient pas celles d'un papillon. Elles étaient longues, fines et presque transparentes et ses yeux étaient tout ronds.
– Qui es-tu et d'où viens-tu ? lui dirent les enfants.
– Mon nom est Mix, je suis une libellule et j'arrive d'une forêt qui est si vaste que les branches des arbres cachent le ciel. Il y a des animaux très grands qui vivent dans ses arbres. Ils sont couverts de poils, leurs bras sont si longs qu'ils touchent le sol et ces animaux adorent manger des bananes.
– Des bananes ! s'écria Didou le papillon. Quelle drôle d'idée alors que les fleurs sont si parfumées.
Mais Mix continua son récit :
– Nous avons des écureuils qui ont pourvus d'une sorte d'ailes. Quand ils veulent aller d'un arbre à un autre, ils sautent dans le vide, écartent leurs pattes pour se mettre en vol plané et ainsi ils se posent sur un autre arbre.
Les enfants écarquillèrent les yeux. « Des écureuils volants ! »
– Comme ce doit être beau de les voir voler d'un arbre à l'autre, s'enthousiasma Ted le scarabée. C'est comme les grenouilles qui sautent d'un nénuphar à l'autre.
Et Mix parla des oiseaux aussi petits que les papillons. Elle raconta les fourmis qui se déplaçaient par milliers dans cette surprenante forêt.
– C'est merveilleux, s'exclama Zoé l'abeille. Mais on va arriver en retard à l'école si on continue de bavarder. Mix devrait venir avec nous.
C'était une bonne idée. Les enfant reprirent leur marche vers l'école et ils étaient heureux d'avoir deux nouveaux amis avec eux. Ils allaient pouvoir écouter Mix la libellule et Rafi l'escargot qui parleraient de ces animaux incroyables à madame l'Oie et à madame la Chenille.
Cette journée allait certainement être une journée passionnante.
Mais, à cet instant, les enfants se disaient que la vie était vraiment belle pour tous les habitants du Joli Bois.

F I N


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