Channe faisait preuve, à cette seconde, d'une étonnante naïveté. Son
escapade dans l'espace ne pouvait passer inaperçue et elle allait
s'avérer lourde de conséquences pour son père.
Après le départ de Arès, les contrôleurs du Centre avaient commencé à
capter, sur leurs ordinateurs, toutes les données transmises par la
fusée. Les codes GPS des droïdes faisaient partie des éléments reçus
sauf que : si l'un des codes émanait bien d'Arès, l'autre provenait
d'un vestiaire du Centre spatial. Le premier instant de stupéfaction
surmonté, l'ordre fut donné d'aller récupérer le malheureux droïde
tandis que le Grand Dirigeant et ses adjoints étaient informés du
retournement de situation. Bientôt Gorane, escorté de quatre Vigilants,
entra dans le Dôme et fut poussé, sans aucun ménagement, devant les
trois hommes ; sur le sol gisait un droïde démantibulé.
La fureur du Grand Dirigeant éclata sans la moindre retenue.
– Un gamin de treize ans s'est substitué à ce stupide tas de boulons.
Votre propre fils, Gorane !
– Grand Dirigeant, j'ignorais tout de ses projets, je vous assur...
– Taisez-vous ! C'est vous qui avez pris la décision de ne pas utiliser
nos meilleurs astronautes. Comment ai-je pu accepter cette idée
farfelue de remplacer des hommes par des jouets ? Regardez dans quel
pétrin vous nous avez mis !
Le Grand Dirigeant mit un coup de pied dans le droïde et manqua perdre
l'équilibre. Ses bras firent de grands moulinets dans l'air et ses
adjoints se hâtèrent de le rattraper. Mais sa colère était la plus
forte :
– Lâchez-moi, bande d'empotés ! Vous ne valez pas mieux que Gorane,
vous n'avez rien vu venir. A quoi me servez-vous si vous êtes
incapables de me conseiller ?
Les adjoints échangèrent un regard affolé.
– Ils étaient pourtant deux dans la fusée, risqua le premier. Tout le
monde les a vus grimper à bord.
– Oui, dit le second en hochant la tête. Et
compter jusqu'à deux, c'est à la portée d'un enfant. Et pourtant
personne ne s'est rendu compte de la différence entre un droïde et un
enfant.
– Ignares !!! hurla le Grand Dirigeant qui
n'arrivait plus à se maîtriser. Il s'en prit violemment à Gorane : Je
suis sûr que vous avez bâti votre plan dès que vous avez su le danger
qui nous menaçait. Et ces droïdes que vous avez construits n'étaient
qu'un subterfuge pour envoyer votre fils dans l'espace. Grâce à lui,
vous sauverez les Terriens et vous deviendrez leur héros. Ils vous
dresseront une statue, ils graveront votre nom sur tous les bunkers. La
gloire vous attend !
Outré par ces propos, Gorane s'indigna :
– Jamais je ne risquerais la vie de mon enfant pour une médaille !
Mais plus rien ne pouvait calmer le Grand Dirigeant. Son visage avait
viré au cramoisi et son front était mouillé de sueur.
– Quelle médaille ? Ce ne serait pas suffisant pour satisfaire votre
ambition. C'est ma place que vous voulez, ayez le courage de le dire !
Je vous préviens que si vous tentez de porter la main sur ma tunique
noire, je vous maudirai jusqu'à la fin des temps et...
Le Grand Dirigeant tendait un bras menaçant vers Gorane mais il ne
parvint pas à finir sa phrase.
Soudain un long gémissement sortit de sa bouche entrouverte. Ses genoux
plièrent et il s'affaissa lourdement sur le sol.
Gorane se précipita pour s'accroupir et lui
prendre son pouls. Autour de lui les adjoints se penchèrent sur le
corps immobile du Grand Dirigeant en ouvrant des yeux effarés.
– Il est blême ! dit le premier. C'est
inquiétant.
– Pire ! Il est livide, ajouta le second. C'est alarmant.
Gorane se redressa et, d'une voix blanche, il constata :
– Il est mort.
Dans les heures qui suivirent le décès du Grand Dirigeant une brève
cérémonie se déroula en présence des hauts responsables comme Gorane,
Kal, Elysaria et les deux adjoints, effondrés par le drame.
Puis une réunion fut organisée au Dôme afin d'organiser, au plus vite,
le remplacement du dirigeant ; la disparition du Grand Dirigeant avait
laissé un vide qu'il fallait combler au plus vite pour gérer la Cité.
Parmi les personnes présentes, Kal représentait le Centre spatial,
Gorane les scientifiques et Elysaria la section Recherches Nature et
Animaux.
Les deux adjoints du défunt Grand Dirigeant semblaient très nerveux et
ne cessaient d'arpenter la pièce, chacun de leur côté.
– Qui va le remplacer ? demanda le premier. C'est incroyable une chose
aussi terrible !
– Ça ne peut pas attendre deux ou trois heures de plus ? s'emporta le
second. Après tout, la fusée vient juste de décoller, alors pourquoi ne
pas patienter jusqu'à son retour ?
Les deux adjoints hochèrent la tête et dirent en choeur :
– Ouiiii, c'est la meilleure idée que nous avons eu depuis trèèès
longtemps.
– Pfff, c'est n'importe quoi ! s'énerva Kal. Il
nous FAUT un remplaçant TRÈS VITE.
– Et pourquoi pas l'un de vous deux ? proposa Elysaria en s'adressant
aux deux adjoints. Depuis sept ans que vous étiez à ses côtés, vous
connaissiez sa façon de travailler, d'établir ses prévisions pour notre
Cité. Que dites-vous de ma proposition ?
Les adjoints cessèrent leur va-et-vient et, l'air incrédule,
dévisagèrent la jeune femme. L'un des deux remonta les larges manches
de son habit avec une certaine élégance, et avoua :
– Il nous trouvait « reposants » : on ne le contredisait jamais.
– Oui, et « amusants » parce qu'on était incapables de lui être utile,
dit l'autre dans un large sourire.
– Absolument « Relaxants ». On lui parlait et il s'endormait pour faire
sa sieste.
– Vraiment « Délassant ». On ouvrait la bouche et c'est lui qui
bâillait.
– « Proches, très proches », nous étions cousins du côté d'une
grand-tante d'un oncle de sa mère, » et les deux adjoints acquiescèrent
à nouveau en choeur.
– « Cousins du côté d'une grand... ! » s'exclama Kal, surpris de
l'apprendre. Mais enfin, le Grand Dirigeant se savait être en mauvaise
santé, il a dû prendre des précautions au cas où il aurait une
défaillance qui l'empêcherait de gérer notre Cité ?
Gorane fit signe à Kal qu'il était entièrement d'accord avec lui. Il
était hors de question de laisser s'écouler plusieurs jours pour
désigner un nouveau Grand Dirigeant. Elysaria fit alors une suggestion
aux adjoints :
– Il vous a peut-être laissé un papier officiel avec les ordres à
suivre ?
Le premier adjoint eut un haussement d'épaules.
– Bien sûr que non.
Le second fit de même.
– Bien sûr que si ! Dans le premier tiroir à gauche du bureau, le
dossier rouge.
A l'intérieur du dossier, Gorane et Kal trouvèrent un document
mentionnant en détails les directives du Grand Dirigeant. Gorane en
commença une lecture rapide à voix haute :
– Moi, Grand Dirigeant de la Terre.... etc, etc, en cas d'urgence
absolue et si je me trouvais dans l'impossibilité d'exercer... etc,
etc, J'ai décidé de la nommer car Elle a toute ma confiance et elle
seule s'avèrera capable d'assumer les responsab...
Kal interrompit Gorane :
– Il a écrit : « elle seule » ? S'il s'agit
d'Elysaria, je n'hésite pas une seule seconde, je suis d'accord.
Gorane tendit à Elysaria le document portant le sceau officiel :
– Le Grand Dirigeant vous a choisie, Elysaria. Votre nom est écrit de
sa main, en lettres majuscules. Kal et moi approuvons totalement ce
choix.
Kal fit « oui » de la tête avant de désigner sa montre de l'index.
– Il faut retourner au Centre, nous sommes en train de perdre du temps
et nous n'en avons pas. Elysaria, votre réponse est positive ?
Interloquée, la jeune femme eut du mal à trouver ses mots :
– Mais c'est une lourde responsabilité à porter. Je ne sais pas si je
serai à la hauteur ?
– Si, si, si ! Nous sommes persuadés que vous le serez ! s'exclamèrent
en chœur les adjoints qui applaudirent Elysaria. Ces sept années aux
côtés du Grand Dirigeant nous ont paru interminables, nous désirons
profiter d'un repos bien mérité.
– Alors la question est réglée, dit Gorane,
soulagé que ce lourd problème soit résolu. Elysaria, vous voici
devenue... Oh, mais comment allons-nous vous nommer ?
– « Supra Dignitaire », cela vous convient à tous ? proposa Kal qui
tapota à nouveau sa montre. Allez, tous à nos glisseurs et on rejoint
le Centre spatial sans attendre ! Là-haut, dans l'espace, un enfant et
son droïde s'efforcent de nous sauver la vie. Ils ont besoin de nous.
Laissant Kal et les deux adjoints partir en
premier, Gorane échangea quelques mots avec Elysaria, la Supra
Dignitaire.
– Mon fils et son robot sont à bord d'Arès et il nous est impossible de
changer quoi que ce soit mais je suis persuadé que Oti accomplira sa
mission. Quant à Channe, il lui apportera toute son aide.
– Je l'espère, Gorane, car ils sont notre seule chance de survie. Mais
je vous assure que, malgré ce qui s'est déroulé, vous gardez toute ma
confiance. Et maintenant, regagnons le Centre !
Plusieurs jours de voyage à bord du lanceur furent nécessaires avant
que Channe et Oti ne distinguent enfin, par un hublot, une masse
imposante
qui progressait à vive allure sur le fond blanchâtre de la Voie lactée.
La puissance qu'elle dégageait les impressionna.
– C'est un monstre capable de pulvériser tout ce qui a le malheur
d'être sur sa route ! constata Channe, la voix enrouée par l'émotion. A
quelle vitesse se déplace-t-il, Oti ?
– Environ vingt kilomètres par seconde, répondit le robot qui ne se
laissa pas impressionner : bof, il a l'air d'une grosse patate.
– Pour les scientifiques c'est un géocroiseur « de forme patatoïde »,
Oti, mais, pour nous, il reste un monstrueux rocher tueur.
Le robot parcourut quelques chiffres sur un écran.
– Pourtant, je ne détecte aucun explosif sur son sol. Pas d'arme, ni
même un lance-pierre. On peut aller l'observer de plus près en toute
sécurité.
– Un lance-pierre..., répéta Channe sans
comprendre. Cela ressemble à quoi ?
– J'ai comme définition dans mon dictionnaire intégré : gigantesque
cuillère qui sert à expédier des rochers tueurs depuis une galaxie en
direction d'une autre.
Surpris, Channe songea que son robot venait encore d'avoir un bug mais
ce n'était pas
le moment d'en discuter ; Oti préparait déjà leur approche et il le fit
savoir :
– Nous n'allons pas tarder à atterrir, fidèle copilote !
Parvenu à proximité de l'astéroïde, le robot diminua la puissance des
propulseurs et engagea une manœuvre délicate pour retourner le vaisseau
; enfin, lentement, la fusée se posa en soulevant un tourbillon de
sable. Les yeux fixés sur le hublot, Channe compta les secondes qui
s'écoulaient avant que le sable jaunâtre ne retombe et les mots
prononcés par son père lui revinrent à l'esprit :
« Arès ne repartira pas avec ses moteurs
encrassés. Elle restera clouée au sol. »
– Channe, à quoi rêves-tu ? Le travail nous attend.
Tous deux coiffèrent leur casque. Channe ouvrit son arrivée d'oxygène –
en tant que droïde Oti n'en avait pas besoin - et ils se retrouvèrent à
l'extérieur, en train de piétiner un bolide vieux de plusieurs
milliards d'années.
– J'appelle notre taxi.
Oti tenait entre ses mains une tablette dont il
effleura les touches. Le ventre d'Arès s'ouvrit, une rampe en sortit et
s'étira jusqu'au sol. Un véhicule hors du commun dévala la rampe et
s'arrêta sur le sol sablonneux.
– Et voilà ! Qu'en dis-tu, fidèle copilote ?
– Cet engin ressemble un peu aux voitures des temps passés, s'amusa
Channe en scrutant les étranges roues biscornues de la machine.
Pourquoi ne pas avoir emporté un glisseur ?
– Il ne serait pas adapté à ce terrain
accidenté. Tandis que cet astromobile se déplace lentement et il peut
transporter la lourde quantité d'explosifs dont nous avons besoin.
Channe fut étonné par les connaissances de son
robot et éprouva une certaine fierté à le seconder.
– Quels sont vos ordres, commandant Oti ?
– Prends cette tablette et rappelle-toi ton jeu vidéo préféré. La
charge doit être installée là où il y a un point rouge qui clignote sur
l'écran. En avant !
Le toit vitré s'ouvrit largement, les deux amis prirent place sur les
sièges et le toit se referma sur eux. Oti démarra l'astromobile et le
pilota en suivant les indications que lui fournissait Channe au fur et
à mesure de leur progression.
– Tout droit sur quinze mètres, Oti. Continue à gauche sur douze
mètres. Attention à ce gros cratère ! Ouf, tu l'as évité. Encore huit
mètres sur la droite. On y est presque... Stop ! Nous sommes pile sur
le point rouge. Et maintenant ?
– Il ne nous reste plus qu'à décrocher la partie arrière de
l'astromobile qui contient la charge explosive, et notre mission
prendra fin, fidèle copilote.
– Et c'est tout ? s'étonna Channe, un peu déçu.
– Oui, mais je te promets qu'on fera plein de choses passionnantes dès
notre retour sur Terre.
Tout en observant sur un écran de contrôle les
images que lui transmettait une caméra extérieure, Oti tourna un
bouton. Un bras mobile sortit du flanc gauche de l'astromobile, s'étira
jusqu'à atteindre la partie arrière du véhicule et vint cogner contre
la carrosserie de l'astromobile.
– Il y a un problème ? s'inquiéta Channe, alerté par le bruit.
Oti indiqua du doigt le voyant orangé qui clignotait sur l'écran.
– Il devrait être vert, pas orangé. Le bras se termine par une grosse
pince qui doit déverrouiller la charge d'explosifs. Je vais essayer à
nouveau.
Oti renouvela la manœuvre mais la pince heurta encore une fois la
carrosserie.
– Il faut qu'on aille voir ça de plus près, quelque chose ne va pas.
Le toit vitré s'ouvrit, Channe et Oti descendirent du véhicule et le
longèrent pour gagner l'arrière. Ils découvrirent que la pince, au bout
du bras mobile, était fermée.
– Elle aurait dû saisir le loquet de sécurité et l'arracher, dit Oti.
La charge devrait déjà être en place et, nous en train de repartir vers
la fusée.
Channe se pencha pour observer de plus près et,
à travers la large visière de son casque, il repéra un défaut.
– Cette petite pièce métallique est déformée, Oti, et c'est elle qui
bloque l'ouverture de la pince. Elle a dû être abîmée durant le
décollage.
Oti fit entendre un grincement.
– Alors tout est perdu. Les ingénieurs du Centre
spatial vont tout faire exploser : l'astromobile, la charge et nous
deux.
Channe regretta que son robot ne soit pas équipé d'oxygène car ses
neurones semblaient soudain en manquer pour qu'il profère pareille
stupidité.
– Tu racontes n'importe quoi. Il nous suffit de regagner la fusée à
pied.
– Non, répondit Oti en faisant un signe négatif des deux mains. Tu
aurais besoin de beaucoup d'oxygène pour traverser un terrain aussi
accidenté et ta réserve est limitée. L'astromobile nous est
indispensable.
Oti ouvrit grands les bras en montrant le sol désertique autour d'eux.
– C'est fini pour nous deux, dit-il et, soudain, il se mit à déclamer :
Toi et moi, toujours inséparables, Allons périr sur cette roche
misérable, Nous ne reverrons plus ceux que nous aimons, Et jamais...
euh... jamais... Zut ! Je ne trouve pas la rime avec « aimons ».
Malgré la gravité de la situation, Channe fut si stupéfait d'entendre
son robot déclamer un poème qu'il éclata de rire.
– Oti, j'ignore de quels logiciels mon père t'a équipé mais il a fait
de toi un surprenant poète. Regarde ! J'ai emporté mon canif et il va
nous être très utile. Il suffit de glisser sa lame sous cette petite
pièce et de forcer un peu... Et hop, voilà le crochet ouvert !
L'astuce de Channe avait réussi ; la pince décrocha le loquet et la
partie arrière de l'astromobile descendit lentement jusqu'au sol. Sans
perdre d'avantage de temps, Oti et Channe réintégrèrent leur véhicule ;
une lumière verte, rassurante, clignotait sur l'écran de contrôle.
– Un ordinateur du Centre capte ce signal, expliqua Oti. Il déjà en
train de calculer à quel moment déclencher l'explosion sans mettre nos
vies en danger.
– Et maintenant, commandant Oti ?
– Nous quittons ce monstre tueur et nous repartons vers la Terre.
Maître Gorane sera heureux d'apprendre que son fils bien-aimé revient
vers lui.
Les deux amis regagnèrent leur vaisseau spatial. Une fois son harnais
bouclé, Oti effleura une touche.
– Top départ pour le compte à rebours. Mise à feu des moteurs dans...
trois minutes quinze secondes. Hé, Channe, qu'est-ce qui ne va pas ?
Le jeune garçon était devenu si pâle qu'il paraissait au bord du
malaise.
– Nous devions sauver la Terre et ses habitants : mon père, Kal, mes
copains du collège et tous les autres sans oublier personne.
Oti lui mit une tape affectueuse sur l'épaule pour le rassurer.
– Nous avons réussi notre mission, Channe. Ils seront sauvés dès que la
charge aura explosé !
– Mais pas nous. J'ai honte de ne pas te l'avoir dit, Oti : la fusée ne
peut pas repartir à cause du sable.
– Je suis au courant, Channe, parce que Maitre Gorane a eu l'heureuse
idée d'activer ses « trois » droïdes. Alors quand il est allé se
reposer dans sa chambre, en laissant Nati32 seule dans le Labo, elle a
espionné les informations transmises par le Centre. C'est ainsi qu'elle
nous a alertés, Hogua58 et moi, sur les dangers liés à cette poussière
cosmique.
Channe crut avoir mal entendu.
– « Elle » ? Tu veux dire que ce droïde est une fille ?
– Zzzzwiiiittt ! Elle est si gentille. Sa voix fait vibrer mes circuits.
– Sa voix ! Mais quand as-tu parlé avec elle ?
Oti se frappa le torse et dit simplement :
– Téléphone intégré. Ouais !!! Je suis plus moderne qu'un humain.
Channe resta d'abord interloqué devant le comportement de son robot.
– Euh... Oti, cela ne répond pas à notre
problème qui est : comment allons-nous décoller ?
– Parce que je ne t'ai pas encore dit que Nati32 a bricolé un système
qu'elle a transmis au Centre. Les ingénieurs ont obéi sans hésiter à
cet ordre signé par ton père – enfin, je veux dire... provenant du Labo
de ton père – et ils ont fait procéder à une modification. Regarde !
J'abaisse ce levier pour obtenir une poussée des moteurs trop brève
pour nous faire décoller mais assez longue pour évacuer toute la
poussière. Admire le résultat par le hublot !
Channe ne distingua qu'un épais nuage jaunâtre
mais Oti poursuivait déjà :
– Et maintenant j'enclenche les propulseurs en appuyant sur « contact »
!
La puissance des moteurs provoqua une forte vibration qui se répercuta
à travers le lanceur.
– Alors, Oti, tu savais depuis le début que nous ne courions aucun
risque ?
– Bien sûr, sinon je ne t'aurais pas laissé partir avec moi. Boucle ton
harnais, copilote Channe ! Nous rentrons chez nous.
Le lanceur décolla progressivement puis, il prit de la vitesse et
commença à s'éloigner de l'astéroïde.
Prochain épisode le 19 février 2019 : Retour
mouvementé
pour les héros