La tête dans les nuages et mes rêves pour bagages, je traversais bon train la ville, pépinière de fleurs aux senteurs subtiles.
Cela peut paraître anodin, marcher comme ça sans fin ! En réalité, je poursuivais mon destin. Ou mes desseins ?

Je me souvenais l'année dernière, voire jusqu'à la semaine dernière, avoir voulu être un géant. Vouloir passer mon temps à cueillir dans cette ville les plus beaux brins de fille, vouloir cueillir sur les routes ces femmes qui me déroutent, sans jamais calmer l'envie de les enlacer. Juste les serrer dans mes bras. L'amour c'est aussi ça.
Je longeais ce canal dans lequel je me suis baigné, je traversais ce pont duquel j'ai plongé. Dans cette ville, esseulé, je me noyais.
Tous les jours, j'y arpentais les rues. C'est comme ça que je l'ai connue. Que mon destin a forgé mes desseins.

On se croisait tous les matins, on ne se disait rien.
Derrière ses lunettes noires, je ne pouvais voir qu'elle me regardait. Derrière mon sourire coincé, elle ne pouvait voir que je la désirais. Jusqu'à ce que la semaine dernière, je fasse le chemin à l'envers.
Elle était régulière, tel un rayon de lumière au matin, qui filtre à travers les volets et vient nous égayer. Je connaissais son heure de passage dans ce faubourg, j'avais juste à faire le réglage de nos parcours.
Elle est la bouffée d'air à laquelle j'ai toujours aspiré. Je me souviens qu'encore hier, je priais.

Depuis, je n'ai plus la tête dans les nuages, et mes rêves je les partage.
Cette année a son printemps, et sans regret ne verra jamais naître un géant.
Elle est un brin de muguet, plus jolie que le mois de Mai, a mille couleurs, mille senteurs. Mille paillettes, dans lesquelles je me projette.


F I N

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